« Sushi » est un Shih-Tzu mâle castré de 8 ans présenté pour des lésions évoluant depuis 5 à 6 semaines. Dans un 1er temps, la propriétaire a observé la présence de lésions purulentes puis de croûtes, localisées principalement sur la tête, le dos et la queue. Le prurit est modéré. Sushi est moins dynamique et son appétit est diminué.
Isabelle Remy
CES Dermatologie, Consultante en dermatologie à l’Université de Liège
Chaussée de Dinant, 51 5170 Profondeville Belgique
Motif de consultation :
Un bilan sanguin n’a pas montré d’anomalie. Une culture mycologique s’est révélée négative.
Différents traitements on été mis en place sans amélioration : injection de corticoïdes retard au début des symptômes, 3 antibiotiques différents (céfalexine, amoxicilline-acide clavulanique, enrofloxacine) et du ketoconazole.
Sushi reçoit des croquettes de qualité. Il vit avec 2 autres chiens de la même race qui ne montrent aucun symptôme. Il a déjà voyagé en Espagne et dans le Sud de la France. Il a reçu une pipette de Vectra 3D environ 3 à 4 semaines avant l’apparition des premières lésions cutanées.
Examen clinique :
L’examen général est dans les normes excepté un état d’abattement.
L’examen dermatologique montre des lésions squamo-croûteuses épaisses recouvrant des érosions sur la tête, la base de la queue et la queue (Photos 1 et 2). Ces lésions ont été rasées précédemment et ont fait l’objet de shampooings antiseptiques.
Au niveau de la face interne des oreilles et du chanfrein, on remarque également des érosions et des croûtes (Photo 3).
Sur la face ventrale du corps, Sushi présente en nombre modéré des lésions très érythémateuses, plus ou moins circulaires, au centre desquelles on peut observer des pustules intactes superficielles. On note également quelques lésions de plus grande taille bordée par un anneau érythémateux intense et dont le centre est légèrement squameux (Photo 4).
On ne remarque pas de lésions des coussinets.
Hypothèses diagnostiques et examens complémentaires :
La principale hypothèse diagnostique est celle d’un pemphigus foliacé. Des examens cytologiques (calques par impression des pustules et « sous-crustacés ») montrent de nombreux neutrophiles, de rares éosinophiles et un grand nombre de cellules acantholytiques isolées ou groupées en radeaux (Photos 5 et 6). On ne remarque pas de microorganisme. Les raclages sont négatifs.
En théorie, le diagnostic différentiel d’une dermatose pustuleuse présentant une acantholyse intraépidermique pourrait également inclure une pyodermite bactérienne superficielle, une dermatophytose ou une leishmaniose.
Trois biopsies-punch de 6mm sont réalisées sous anesthésie locale. L’examen histopathologique (Dr Marianne Heimann – Anapet/Synlab) montre une dermatite pustuleuse acantholytique sévère confirmant l’hypothèse du pemphigus foliacé (Photos 7 et 8). Aucun élément fongique n’est visualisé à la coloration de PAS (periodic acid-Schiff).
Bibliographie
- Oberkirchner U, Linder KE, Dunston S, Bizikova P, Olivry T. Metaflumizone-amitraz (Promeris)-associated pustular acatholytic dermatitis in 22 dogs : evidence suggests contact drug-triggered pemphigus foliaceus. Veterinary Dermatology, 2011; 22, 436-448.
- Bizikova P, Linder KE, Olivry T. Fipronil-amitraz- Smethoprene-triggered pemphigus foliaceus in 21 dogs : clinical, histological and immunologic characteristics. Veterinary Dermatology 2014; 25, 103-e30.
- Dinotefuran/pyriproxyfen/permethrin pemphigus-like drug reaction in three dogs. Bizikova P, Moriello KA, Linder KE, Sauber L. Veterinary Dermatology 2015; 26, 206-e46.
- White A, Hicks K, Bizikova P, Bailey J, Linder KE. Probable drug-triggered pemphigus foliaceus in a dog following administration of afoxolaner ( nexgard ). Vet Rec Case Rep 2019; 7:e000735.doi :10.1136/vetreccr-2018-000735.
