Un chaton de 4 mois ½ nous est présenté pour les lésions cutanées faciales et podales. Ce chaton a été récupéré dans une association vers l’âge de 3 mois. Il a eu un épisode de coryza qui est passé en une dizaine de jours quand il était dans l’association.
Eric FLORANT
CES de dermatologie – Ex chargé de consultation de dermatologie ENVA
Clinique vétérinaire Les Sablons 78370 Plaisir
Mars 2021
Commémoratifs et anamnèse:
Il vit en appartement avec 2 autres chats. Lors de sa première visite vaccinale réalisée un mois avant, son état général était bon et a eu une première injection contre le coryza (herpes virus et calicivirus) et le typhus. Lors de la 2° visite vaccinale, le vétérinaire remarque au niveau de la tête la présence de 2 nodules, l’un sur une joue d’environ 4 mm non dépilé, non érythémateux, et non alopécique, et l’autre d’environ 8 mm érythémateux et crouteux sur le sommet du crâne. Le chat a une légère hyperthermie 39°4, et une hypertrophie des ganglions rétromandibulaires. Etant donné qu’il n’y a pas de baisse de forme le rappel de vaccin est réalisé. Par précaution, un prélèvement pour mycologie est envoyé en laboratoire. Le vétérinaire prescrit du Fulviderm en attendant le résultat de la mycologie et conseille de faire un contrôle en consultation dermatologie 2 semaines après.
Examen clinique :
Le jour de l’examen clinique (2 semaines après), le chat bien qu’ayant toujours ses ganglions hypertrophiés, est en bon état général. Par contre d’autres lésions cutanées sont apparues. Un érythème et des croutes, et des manchons pilaires marrons au niveau des poils sont présents en zone plantaire de 3 pattes sur 4. Les croutes se trouvent sur le bord des coussinets. Le chanfrein apparaît gonflé et érythémateux. Sur la joue, un nodule ulcéré assez profond est présent. Le chat n’a pas de fièvre ce jour-là. Il n’y a pas de lésions buccales, mais péribuccales avec un érythème au niveau de la commissure des lèvres ainsi qu’au niveau du menton qui est un peu gonflé. Le chat ne se gratte pas. Le résultat de la mycologie réalisée 2 semaines avant est négatif.
Hypothèses diagnostiques :
Face à un tel tableau clinique, les hypothèses suivantes sont possibles : l’hypothèse principale est une calicivirose cutanée, une herpes-virose cutanée est moins probable, une dermatite allergique associée est possible, avec dans les tous cas une surinfection fongique par des levures Malassezia
hypothèses |
Arguments en faveur |
Arguments contre |
Examens complémentaires à envisager |
Calicivirose |
Nodule nécrotique, lésions des lèvres, des pattes, Hypertrophie des ganglions (virose)
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Pas d’ulcères buccaux, mais ils ont pu passé inaperçu |
Test PCR +/- histologie |
Herpesvirose
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Lésions faciales érythémateuses et ulcérées, Hypertrophie des ganglions (virose)
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Absence de prurit |
Test PCR +/- histologie |
Dermatite allergique |
Lésions commissures des lèvres et du menton
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Nodule ulcéré Absence de prurit
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Surinfection fongique par des levures Malassezia |
Manchons pilaires marrons sur les poils en zone interdigitée |
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Examens complémentaires :
Examen à la lampe de wood : négatif
Scoth test : en zone interdigitée, nombreuses levures Malassezias
Prélèvement dans la zone nécrosée pour PCR calicivirus et herpesvirus
Références
- DECLERCQ J. (2011), The diagnosis, prognosis and management of feline cutaneous viral infections, 25th annual congress of the ESVD, Brussels, 8-10 sept 2011.
- MILLER W.H. Jr., GRIFFIN C.E., CAMPBELL K.L. (2001) Viral, Rickettsial and Protozoal Skin Diseases. In: Muller and Kirk’s Small Animal Dermatology, 7th Ed, St. Louis: Elsevier, 343-362.
- DECLERCQ J. (2005) Pustular calicivirus dermatitis on the abdomen of two cats following routine ovariectomy. Veterinary Dermatology 16, 395-400.
- GUAGUÈRE E., DECLERCQ J. (2009) Diagnostic des dermatoses virales chez le chat. In : CARLOTTI, D.N. et coll. L’Indispensable de Dermatologie Canine et Féline 2e Ed, Editions Med’Com, 143-152.