Auteur : Isabelle Remy – 2003
51, Chaussée de Dinant
5170 Profondeville
Service de Médecine Interne des Petits Animaux Université de Liège
Conférence présentée en 2003 lors des journées du Groupe de Travail Belge en Dermatologie Vétérinaire
Définitions
Réactions alimentaires
- allergie alimentaire
mécanisme immunologique
phase de sensibilisation
- intolérance alimentaire
mécanismes non immunologiques
- métaboliques
- toxiques
- pharmacologiques
- idiosyncrasiques
EtioPathogénie
trophallergènes ou allergènes alimentaires
- tout aliment est potentiellement allergisant
variations en fonction des pays et des habitudes alimentaires
- boeuf, poulet, produits laitiers, céréales, poissons, oeuf, soja, agneau…
quantité ?
- (glyco)protéines de poids moléculaires variant entre 10 et 60 kda (hô)
à partir de quelle taille une protéine peut-elle induire une réaction allergique chez les animaux ?
fraction antigénique (épitope) responsable ?
- chez l’homme : réactions croisées entre aliments et pollens
Pathogénie
prédisposition génétique (race)
état atopique
- chez l’enfant : relation entre dermatite atopique et allergie alimentaire dans environ 30-40% des cas
- chez le chien : pas d’évidence scientifique
parasitisme intestinal
immaturité/perte d’intégrité de la barrière intestinale
- augmentation de la perméabilité intestinale permettant un passage accru des trophallergènes
Signes cliniques
Symptômes digestifs : 10-15 %
Symptômes cutanés chez le chien
- prurit non saisonnier
- réponse variable à la corticothérapie
- âge : 30 % des cas < 1 an selon certains auteurs
- distribution des lésions = dermatite atopique (DA)
face, oreilles, extrémités, ventre …
- otite externe récidivante
- urticaire, oedème de la face
- dermatite pyotraumatique, vascularite, fistule anale ?
Symptômes cutanés chez le chat
- prurit face/cou
- lésions du complexe éosinophilique félin
- alopécie extensive
- dermatite miliaire
- folliculite murale
- urticaire
Autres symptômes : rares (homme)
- asthme, rhinite, conjonctivite, maux de tête, convulsions
Diagnostic
Chez l’homme
- tests in vivo (prick-test) et in vitro (Ig E)
Chez le chien et le chat
- tests in vivo et vitro absolument pas fiables
- régime d’éviction suivi d’un test de provocation = seule méthode de diagnostic d’une « réaction alimentaire »
Régime d’éviction
- 3 types de régime
- protéines nouvelles
- régime ménager
- aliments commerciaux
- protéines hydrolysées
Régime d’éviction : protéines nouvelles
- Régime ménager
- choix des ingrédients basé sur les habitudes alimentaires : enquête
- 1 source de protéine (1 part) et 1 source d’hydrate de carbone (2 à 4 parts)
- cheval, lapin, dinde, poisson, autruche …
- pommes de terre, lentilles, navets, patates douces …
- préparation : aliments grillés, bouillis ou cuits au micro-ondes sans épices ni matières grasses
- Avantages
- contrôle strict de l’apport alimentaire
- Inconvénients
- ration déséquilibrée (croissance)
- troubles digestifs : introduction progressive
- perte de temps pour le propriétaire
- coûteux chez un grand chien
- Régimes commerciaux
- sources de protéines limitées et sélectionnées
- attention à la composition !
- nombreux aliments « pseudo » hypoallergéniques
- protéines trop souvent utilisées dans la plupart des aliments commerciaux ou ménagers (agneau, poulet)
- allergènes cachés : huiles végétales, graisses animales, additifs …
- Leistra et al. JAVMA, 2001, 219 (10) : 1411-1414.
- Leistra et Willemse Journal of Feline Medicine and Surgery 2002, 4 : 185-188
- protéines scindées en fragments de petite taille potentiellement moins ou non allergisants
- poids moléculaire moyen
- exposition possible d’épitopes précédemment cachés
- petits peptides pouvant agir comme haptènes
- vérifier la composition : addition de céréales entières, de graisses végétales …
- Avantages
- protéines de haute digestibilité et en quantité adéquate
- ration bien équilibrée (jeunes animaux)
- pratiques d’utilisation
- Inconvénients
- grande variation de la qualité « hypoallergénique »
- allergènes cachés
Quand proposer un régime d’éviction ?
- d’emblée lors de formes modérées de DA (jeunes chiens)
- systématiquement dans les formes classiques ou chroniques de DA
- élément de contrôle à long terme
- traiter avant les complications de pyodermite bactérienne, de dermatite à Malassezia pachyd. ou prolonger suffisamment le régime après l’arrêt de toute médication
Conduite du régime d’éviction
- régime hyperstrict : aucun extra, aucun écart
- interdire gâteries, os à mâcher, pain pour les oiseaux, poubelles, jouets, dentifrice, médicaments contenant des arômes …
- éviter les gamelles plastiques et métalliques
- collaboration du propriétaire indispensable
- durée du régime
- 6 à 8 – 10 semaines
- contrôles réguliers, encourager le propriétaire
Réponse au régime et test de provocation
- Test de provocation indispensable au diagnostic
- réintroduction successive des anciens ingrédients par périodes de 8 à 15 jours ou réintroduction massive de l’ancien régime : récidive dans un délai de 0 à 8 jours
- démarche laborieuse souvent refusée
- % d’animaux améliorés par un régime d’éviction ne récidivent pas lors du challenge alimentaire
- amélioration spontanée des symptômes de la DA
- aliment équilibré, hyperdigestible
Réponse au régime d’éviction
- Amélioration partielle : 2 à 4 sem. de plus
- allergies concommitantes
- récidive d’infections (bactéries, levures)
- Echec
- régime non respecté
- réaction à une protéine du régime d’éviction
- autre hypersensibilité : aéroallergènes
- revoir le diagnostic
Conclusions
- régime d’éviction
- seule méthode diagnostique valable
- étape indispensable dans la gestion de la DA
- choix de l’aliment difficile
- réalisation et interprétation difficiles
- attention aux dérives commerciales et aux excès médiatiques
- avenir :
- tests biologiques plus rigoureux et fiables (modèles expérimentaux)
- identification des antigènes majeurs