Un chien Berger Australien, mâle castré de 2,5 ans et pesant 28 kg, est présenté à la consultation de dermatologie pour des lésions cutanées, apparues relativement soudainement, environ 2 mois auparavant et ne régressant pas malgré un traitement antibiotique bien conduit, suite à la mise en évidence d’un Staphylococcus pseudintermedius, sensible à de nombreux antibiotiques.
Arnaud MULLER – Éric GUAGUERE
Clinique Vétérinaire Saint-Bernard. 598, avenue de Dunkerque F-59160 Lomme
Spécialistes en Dermatologie, Dip ECVD, CES Dermatologie Vétérinaire
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L’examen clinique montre un chien en bon état général, mais présentant effectivement une dermatose prurigineuse marquée (prurit évalué à 7/10 sur une échelle visuelle analogique), centrée sur le tronc et les membres, caractérisée par de nombreuses lésions ponctiformes ou nodulaires ulcérées. Des lésions faciales (menton, lèvres) sont également notées.
Photo 1 : Très nombreux nodules ulcérés sur le tronc, bien visibles après tonte
Photo 2 : Vue rapprochée des lésions circulaires ulcérées, saignant facilement, à bords violacés et irréguliers
Photo 3 : Présence de lésions similaires sur les membres
Photos 4 et 5 : Atteinte de la face (menton et zones périlabiales) : aspect érythémateux, alopécique et ulcéré
Compte tenu de l’aspect et de la localisation des lésions, diverses hypothèses diagnostiques peuvent être évoquées, allant d’un processus infectieux (pyodermite profonde, mycoses) à des dermatoses à médiation immunitaire (lupus, vascularite, toxidermie, histiocytose réactionnelle, panniculite nodulaire stérile) ou strictement inflammatoire (dermatoses neutrophiliques stériles).
Des examens complémentaires sont donc réalisés :
– l’examen cytologique de ponctions à l’aiguille fine sur des lésions nodulaires fermées ne met pas en évidence de germes (bactéries, champignons), mais uniquement des granulocytes neutrophiles activés
– la culture bactérienne sur lésion profonde se révèle négative
– des biopsies cutanées, réalisées sous anesthésie locale et adressées au LAPVSO, révèlent une sévère dermo-hypodermite à infiltrat presque exclusivement neutrophilique, sans détection d’éléments figurés pathogènes, bactériens ou fongiques. Cet aspect évoque le pyoderma gangrenosum humain.
Photos 6 et 7 : Examen histopathologique montrant l’infiltrat dense allant du derme superficiel à l’hypoderme, constitué essentiellement de granulocytes neutrophiles (LAPVSO)
Le diagnostic est donc celui d’une dermatose neutrophilique de type pyoderma gangrenosum, entité inflammatoire décrite de façon rare chez le chien.