Auteur : Éric Florant – Décembre 2006
Ces de Dermatologie – Ex chargé de consultation de dermatologie ENVA
Clinique vétérinaire Les Sablons
78370 Plaisir
Motif de consultation
Une chatte européenne âgée de 2 ans nous est référé pour un prurit cervicofacial récidivant depuis 4 mois (août 2005).
Commémoratifs
Cette chatte née dans un jardin, a été adoptée à l’âge de 3 mois, et vit depuis dans un appartement avec un autre chat qui n’a pas de problème. Elle a eu un coryza au départ, mais n’a pas eu de rechutes depuis. Elle était nourrie jusqu’à l’apparition de sa dermatose avec diverses croquettes et boîtes de supermarché. L’entente est bonne avec l’autre chat, mais la propriétaire nous dit que Lin Fa reste très peureuse et anxieuse depuis le départ.
Anamnèse
Le premier épisode a commencé 4 mois avant, suivi d’un deuxième, 2 mois après. Les lésions ont toujours été exclusivement faciales (en avant des oreilles, paupières et lèvres). Un effet positif des corticoïdes a été noté. Un premier régime d’éviction bien suivi avec un aliment hypoallergénique Royal Canin, n’a pas empêché la deuxième rechute. L’épisode en cours date d’environ 15 jours. Depuis elle mange de l’aliment Hill’s Feline Z/D en croquettes, et semble aller un peu mieux au niveau dermatologique quand elle nous est présentée.
Examen général
La chatte paraît plus fatiguée depuis quelques jours, et mange moins. Une rhinite purulente, ainsi qu’une conjonctivite modérée, sont remarquées, et nous notons une hyperthermie à 40°1. La propriétaire nous précise que la rhinite ne date que de quelques jours.
Examen dermatologique
La chatte présente des lésions exclusivement faciales, et relativement symétriques, en avant des oreilles, sur le bas de la face interne du pavillon des oreilles (la partie verticale des 2 conduits est aussi enflammée), au niveau des paupières, et des lèvres. Sont notés un érythème, des croûtes, un squamosis, et par endroit une hyperpigmentation. Le peignage avec un peigne à puces ne met rien en évidence.
Érythème, excoriations et croûtes à la base et en avant des oreilles
Érythème, excoriations et croûtes sur les paupières
Érythème, excoriations et croûtes sur le bas du pavillon
interne des oreilles et au niveau de la gueule
Diagnostic différentiel
Le diagnostic différentiel du prurit cervicofacial félin est difficile.
Par rapport aux signes cliniques et aux commémoratifs, nous pouvons envisager les hypothèses suivantes:
Étiologie |
Arguments pour |
Arguments contre |
Examens complémentaires |
Dermatose allergique |
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Herpesvirose cutanée |
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Dermatose d’origine comportementale |
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Consultation de comportement |
Dermatophytie |
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Examens complémentaires immédiats
- Calques cutanés: neutrophiles, avec coccis phagocytés et d’autres extracellulaires. Quelques Malassezia sont remarquées.
- Raclages négatifs
- Examen avec une lampe de Woog négatif
- Prélèvement pour mycologie: résultat différé négatif
Diagnostic
à ce stade, il n’est pas encore possible d’établir un diagnostic, à part la présence d’une pyodermite superficielle secondaire.
Traitement et évolution
Le traitement régulier contre les puces pour les 2 chats déjà mis en place depuis le début de la dermatose est maintenu.
Le régime d’éviction commencé est maintenu pour vérifier que le début d’amélioration se confirme.
Nous prescrivons uniquement une antibiothérapie marbofloxacine (Marbocyl®) à la dose d’environ 2mg/kg/ jour pendant 3 semaines et un maintien des soins locaux, pour traiter la surinfection, et de l’acide tolfénamique (Tolfédine 20*) à raison d’1/2 comprimé par jour pendant 5 jours pour son action antipyrétique et antiinflammatoire pour le coryza.
Dans les semaines qui suivent, l’épisode de coryza guérit en environ 8 jours, et la dermatose continue à s’améliorer au départ, puis stagne, et environ 4 semaines après les lésions s’aggravent à nouveau. La chatte paraît à nouveau plus apathique, mais elle n’a cependant pas d’hyperthermie, ni de signes respiratoires.
Examens complémentaires
Nous décidons alors de réaliser des biopsies cutanées, afin d’une part de rechercher la présence d’herpesvirus et de calicivirus dans la peau par PCR quantitative (laboratoire Scanelis), et d’autre part de réaliser une histologie (LAPVSO).
La PCR est négative. L’histologie ne montre que des lésions non spécifiques de dermatite périvasculaire superficielle, qui oriente plutôt vers une allergie.
Même si la propriétaire a déjà réalisé correctement 2 régimes d’éviction, étant donné que ces régimes ont des ingrédients communs entre eux, et avec les aliments antérieurs, nous convainquons la maîtresse de faire un dernier régime ménager avec de l’agneau et des pommes de terre.
En moins de 3 semaines, toutes les lésions disparaissent, et 6 mois après la dermatose n’avait toujours pas rechutée.
Le diagnostic d’allergie alimentaire paraissait très probable, mais seul un test de provocation positif permet un diagnostic de certitude. Il fallait pour cela convaincre la propriétaire de réintroduire méthodiquement d’autres ingrédients (par période de 2 semaines) jusqu’à provoquer à nouveau des lésions. Finalement, elle s’est décidée, et – nous avons eu de la chance! – dès l’introduction du poulet en quelques jours des lésions sont réapparues à nouveau.
Diagnostic
Nous pouvions donc conclure à un prurit facial en rapport avec une allergie alimentaire au poulet
Recherches Connexes
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