Un cas de prurit d’origine médicamenteuse chez un chien


Auteur : Emmanuel Bensignor – Décembre 2013
Spécialiste en dermatologie vétérinaire
DESV Dermatologie, DIP ECVD, CES Dermatologie
Consultant en dermatologie
75003 Paris, 35510 Rennes-Cesson, 44000 Nantes


Le prurit, défini comme “une sensation désagréable entrainant le désir de se gratter” représente le premier motif de consultation en dermatologie vétérinaire. Il s’agit d’un symptôme, rencontré dans un très grand nombre de maladies, dermatologiques ou non. L’étiologie regroupe des causes parasitaires, infectieuses, allergiques, neurologiques, néoplasiques, comportementales… Déterminer la cause du prurit pour la traiter spécifiquement est le garant du succès thérapeutique: le praticien ne doit pas se contenter de mettre en place un traitement symptomatique qui, s’il est utilisé seul, soulage rapidement l’animal mais ne traite pas le fond du problème. Ce cas clinique illustre la nécessité de déterminer la cause du prurit afin d’éviter une déconvenue.

Signalement – Anamnèse

Un chien mâle âgé de 11 ans, est présenté à la consultation spécialisée de dermatologie pour un prurit évoluant depuis plusieurs mois. Le chien est correctement vacciné, nourri avec une alimentation industrielle haut de gamme, vermifugé régulièrement et traité tous les mois contre les parasites externes par une association de perméthrine et d’imidaclopride. Il vit dans un appartement, avec des sorties régulières, sans contact notable avec d’autres animaux. Le passé pathologique révèle un épisode de gastro-entérite quelques mois auparavant. Un traitement est en cours avec de l’énalapril prescrit huit mois plus tôt pour un souffle mitral asymptomatique de faible intensité décelé lors d’une consultation vaccinale de routine par son vétérinaire généraliste.

Les propriétaires rapportent un prurit d’apparition progressive environ 6 mois avant la consultation. Le vétérinaire consulté a initialement prescrit un shampooing hebdomadaire et a conseillé une alimentation hypoallergénique industrielle à base d’hydrolysats de protéines, sans succès apparent après 2 mois. Au contraire, le prurit a eu tendance à s’accentuer. Un traitement corticoïde par voie orale a permis une diminution des démangeaisons, sans résolution, et une rechute a été notée quelques jours après son arrêt. Un dosage des IgE a été réalisé, qui a montré une polysensibilisation à plusieurs aéroallergènes (acariens des poussières et de stockage notamment). Un traitement avec la ciclosporine a alors été conseillé, sans résultat notable après deux mois, date à laquelle le propriétaire a décidé de consulter un vétérinaire dermatologue.

Examen clinique

L’animal est en bon état général. Le propriétaire ne rapporte pas de toux ou d’élément évoquant un début d’insuffisance cardiaque (pas d’essoufflement, pas de difficultés à l’effort). L’auscultation ne permet pas de déceler de souffle notable. L’examen dermatologique est assez frustre. On note tout au plus quelques lésions excoriées ventrales (photo 1), un érythème modéré sur les parties déclives (Photo 2) et une peau sèche. Un érythème et de rares zones de calvescence sont notées sur le dos et les flancs (Photo 3).

cas-de-prurit-dorigine-medicamenteuse-chez-chien1Photo 1 : excoriations modérées sur l’abdomen

cas-de-prurit-dorigine-medicamenteuse-chez-chien3Photo 2 : Èrythème discret des extrémités

cas-de-prurit-dorigine-medicamenteuse-chez-chien2

Photo 3 : Érythème et peau sèche sur le dos

Hypothèses diagnostiques

Les causes de ce prurit généralisé peu lésionnel, d’apparition tardive et progressive, chez ce chien âgé regroupent une parasitose, une dermatite allergique tardive (dermatite atopique, DAPP, allergie alimentaire) et une réaction médicamenteuse principalement. Les causes néoplasiques (mycosis fongoide) et infectieuses (pyodermite bactérienne, dermatite à Malassezia) semblent moins probables en l’absence de lésion primaire. Les causes psychogènes ne sont pas évoquées, l’animal étant par ailleurs totalement “bien dans sa tête”. Les causes neurologiques apparaissent improbables en l’absence de tout autre signe clinique qu’un prurit non localisé.

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