Un cas de pemphigus foliacé localisé chez un chat, traité avec Cortavance®


Auteur : Emmanuel Bensignor
DESV Dermatologie, Dip ECVD
Consultant en dermatologie et allergologie
Rennes-Cesson (35), Paris (75003), Nantes (44)


Introduction

Les dermatites auto-immunes sont rares chez les carnivores domestiques. Parmi elles, le pemphigus foliacé est la plus fréquente des dermatites auto-immunes à auto-anticorps spécifiques de la peau chez le chat. Son traitement fait appel à une immunosuppression. Ce cas clinique rapporte un chat présentant un pemphigus foliacé localisé aux pavillons auriculaires, traité avec succès par l’application d’un spray à base d’hydrocortisone acéponate.

Motif de consultation

Un chat, Européen, mâle âgé de 4 ans, est présenté à la consultation de dermatologie pour des lésions localisées sur les pavillons auriculaires.

Anamnèse

Cet animal vit dans un pavillon avec libre accès à l’extérieur. Il est vacciné et vermifugé régulièrement. Les traitements antiparasitaires externes sont à jour. Le passé pathologique ne révèle pas d’anomalie notable. Les lésions sont apparues quelques mois plus tôt. Le propriétaire a initialement remarqué des secouements de tête et un grattage. Un diagnostic de gale auriculaire a été réalisé et un traitement topique contenant du lindane, un antibiotique et un corticoïde a été réalisé pendant plusieurs semaines, sans amélioration notable. Une injection de corticoïde longue action a alors permis un contrôle ponctuel de la dermatose, mais une rechute est rapidement apparue.

Examen clinique

À l’examen clinique, le chat est en bon état général. Les lésions sont exclusivement localisées sur les faces interne et externe des pavillons auriculaires. Il s’agit d’érosions croûteuses de grande taille, suintantes. Les croûtes sont mélicériques et non adhérentes (photo 1). Des papulopustules de petite taille sont associées. Quelques érosions sont présentes dans les conduits auditifs, associées à la présence d’un cérumen peu abondant.

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Hypothèses diagnostiques

Les hypothèses retenues regroupent une ectoparasitose (notamment une otacariose à Otodectes cynotis), une dermatite allergique et une dermatite auto-immune (notamment un pemphigus superficiel).

Examens complémentaires

Des raclages cutanés et un examen direct du cérumen ne mettent pas en évidence de parasite. Des examens cytologiques, multiples, sous-crustacés, sont réalisés. Ils montrent tous une population inflammatoire, associant polynucléaires éosinophiles et polynucléaires neutophiles. De nombreuses cellules arrondies, basophiles, sont observées. Il s’agit de kératinocytes acantholytiques évoquant une acantholyse (photo 2). Des biopsies cutanées sont réalisées. L’examen histopathologique montre la présence de pustules intraépidermiques dont le contenu (polynucléaires neutrophiles, éosinophiles et kératinocytes acantholytiques) évoque un pemphigus foliacé (photos 3 et 4). Une culture fongique est négative.

Un cas de pemphigus foliacé localisé chez un chat, traité avec Cortavance®

Un cas de pemphigus foliacé localisé chez un chat, traité avec Cortavance®

Un cas de pemphigus foliacé localisé chez un chat, traité avec Cortavance®

Diagnostic

Le diagnostic est celui d’une dermatite auto-immune de type pemphigus foliacé.

Traitement

Après discussion avec les propriétaires, du fait de l’aspect localisé des lésions, un traitement topique est décidé. L’hydrocortisone acéponate (Cortavance®) est appliqué au rythme d’une fois par jour, après nettoyage délicat des lésions avec Epiotic®.

Suivi

Une nette amélioration est rapportée par le propriétaire après une semaine de traitement : les lésions sèchent et le prurit est notablement diminué. Lors de la visite de suivi, après un mois, une disparition presque complète des lésions est observée (photo 5). Le traitement est progressivement espacé au rythme d’une fois tous les deux jours. Aucune rechute n’est observée après 6 mois de suivi.

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Commentaires

Les dermatites auto-immunes sont rares chez les carnivores domestiques. Le pemphigus foliacé est la plus fréquente de ces DAI. Le traitement fait appel à l’utilisation de thérapeutiques immunosuppressives au long cours. La plupart de ces traitements présentent l’inconvénient de présenter des effets secondaires. L’utilisation d’un corticoïde topique de forte classe d’activité, dénué d’effets délétères, est ici particulièrement intéressante.

Références

  • Scott DW, Griffin Ce, Miller WH Small Animal Dermatology, 6th Ed, WB Saunders, Philadelphia, 2001
  • Guaguère E et Bensignor E Thérapeutique dermatologique du chien. Masson/PMCAC Edrs, Paris, 2001

 

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