Auteur : Xavier Langon – Janvier 2011
Clinique vétérinaire de Camargue
34400 Lunel
La démodécie canine est une dermatose parasitaire liée à une prolifération dans les follicules pileux et les glandes sébacées de l’une des trois espèces différentes de demodex : Demodex canis, Demodex injai et une forme courte dénommée par certains auteurs Demodex cornei. Elle peut revêtir diverses formes cliniques : une forme localisée (la plus fréquente), une forme auriculaire ou podale (otodémodécie et pododémodécie) ou des formes généralisées. Demodex injai possède un corps long et montre une préférence pour la région dorsolombaire. Les Terriers semblent prédisposés à cette forme de démodécie, notamment le West Highland White Terrier.
Anamnese
Un Fox Terrier, femelle stérilisée, âgée de 7 ans est présenté à la consultation pour un prurit associé à une séborrhée grasse dorsolombaire. La séborrhée est apparue dans les premières années de vie de l’animal et le prurit s’est développé dans le mois précédent la consultation. Elle a reçu une antibiothérapie pendant 15 jours et des shampooings kératomodulateurs sans amélioration clinique. Elle consomme un aliment industriel en croquettes de bonne qualité. La chienne vit en maison en compagnie d’un Scottish Terrier ne présentant pas de dermatose. Elles n’ont jamais voyagé en zone endémique de leishmaniose. Le passé pathologique de la chienne ne fait état que d’une ectopie urétérale corrigée chirurgicalement à 6 mois. Elle est à jour de ses vaccinations, les traitements antiparasitaires sont réalisés correctement.
Examen clinique
La chienne présente un bon état général. Le territoire cutané montre, sur une large zone dorsale du tronc, un érythème, quelques érosions et croutes, une légère hypotrichose, une zone alopécique, et un aspect très gras de la peau et des poils (photos 1, 2 et 3). Aucune autre lésion dermatologique n’est constatée.
Photo 1 : Examen à distance du Fox Terrier:
noter la zone alopécique et l’aspect discrètement gras
des poils de la ligne du dos.
Photo 2 : détail de la photo 1
Photo 3 : Examen rapproché : séborrhée grasse, croutes et érosions.
Hypothèses diagnostiques
La symptomatologie et l’anamnèse nous amènent à envisager plusieurs hypothèses : une démodécie, une pyodermite superficielle, une dermatophytie, un trouble de la kératinisation ou une séborrhée primaire.
Examens complémentaires
Les calques cutanés et les tests à la bande adhésive ne permettent pas d’identifier d’élément figuré. Une culture fongique est ensemencée et ne montre pas de développement de colonie mycélienne. Les raclages cutanés révèlent la présence de quelques Demodex injai à différents stades de développement : oeuf, nymphe et adultes (photos 4, 5 et 6). Des biopsies sont réalisées en zone lésée et en zone saine. L’analyse histopathologique montre une hyperkératose orthokératosique principalement des infundibula folliculaires. Un infiltrat inflammatoire lymphoplasmocytaire, parfois d’interface ou mural, circonscrit des glandes sébacées fortement hyperplasiques plurilobulées. Les canaux sébacés et les follicules pileux sont encombrés d’un matériel kératosique et de sébum qui, au PAS n’apparaissent pas nettement comme des silhouettes démodéciques (photos 7 et 8). Les biopsies des zones non lésées ont un aspect histologique normal. Le raclage et l’examen histopathologique sont compatibles avec le diagnostic de démodécie à Demodex injai. Compte tenu de l’âge adulte de l’animal lors du diagnostic, la recherche d’une affection sous-jacente est entreprise : syndrome de Cushing, hypothyroïdie, critères de DAC sans succès.
Photo 4 : Nymphe de Demodex injai
Photo 5 : Adulte de Demodex injai.
Notez la longueur du corps
Photo 6 : œuf de Demodex injai.
Photo 7 : Hyperkératose dilatant l’infundibulum et l’isthme folliculaire
et s’étendant aux canaux sébacés abouchés aux follicules pileux.
Photo 8 : Infiltrat lymphocytaire entourant les glandes sébacées hyperplasiques plurilobées.