Un autre cas de démodécie à Demodex injai

Si en présence d’un prurit dorsolombaire le clinicien doit avant tout s’attacher à rechercher des puces tant la DAPP est fréquente, il faut parfois garder à l’esprit que d’autres causes peuvent être à l’origine de la dermatose, comme dans ce cas.


Auteur : Emmanuel Bensignor – Décembre 20112
Spécialiste en dermatologie vétérinaire
DESV Dermatologie, DIP ECVD, CES Dermatologie
Consultant en dermatologie
75003 Paris, 35510 Rennes-Cesson, 44000 Nantes


Commémoratifs- Motif de consultation

Un chien Fox terrier, male âgé de trois ans, est référé à la consultation de dermatologie pour un prurit dorso-lombaire évoluant depuis plusieurs mois, réfractaire à la corticothérapie. Cet animal vit seul sans congénère dans une maison avec jardin en périphérie de Rennes. Il a des contacts réguliers avec des chiens lors de sessions d’agility, aucun des animaux ne présentant de signe cutané. Il est nourri avec une alimentation de bonne qualité, industrielle sèche, avec quelques « extras » ponctuels. Les vaccinations et vermifugations sont à jour. Le traitement antiparasitaire est également correctement réalisé : initialement il consistait en l’application « erratique » de pipettes de fipronil, mais suite à des conseils du vétérinaire traitant qui a suspecté une dermatite par allergie aux piqûres de puces, le chien reçoit tous les mois une pipette de spot-on associant perméthrine et imidaclopride. Par ailleurs, il a reçu à trois reprises une corticothérapie dans les mois précédant le référé (injectable initialement, puis orale pendant respectivement 5 jours puis 20 jours) sans amélioration du prurit. Une antibiothérapie avec de la céfalexine a également été réalisée préalablement à la consultation, sans amélioration.

Examen clinique

À l’examen clinique le chien est en bon état général. Les lésions cutanées sont localisées sur l’arrière main : région dorsolombaire et faces latérales des flancs. Il s’agit d’une calvescence diffuse associée à la présence d’un état kératoséborrhéique gras très prurigineux (l’animal se grattant immédiatement avec les pattes arrières dès qu’on passe la main sur le dos). Par ailleurs, il est également possible de noter la présence de zones franchement érythémateuses et comédoneuses, notamment sur les flancs. Voir photos 1,2,3.

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Photo 1 : vue éloignée de la region dorsolombaire: calvescence et érythème

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Photo 2 : vue rapprochée : notez l’érythème et la séborrhée associés
à des excoriations sur un fond hyperpigmenté et lichénifié

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Photo 3 : vue rapprochée d’un flanc : alopécie, érythème et comédons

Hypothèses diagnostiques

Les principales hypothèses envisagées étaient une démodécie, une cheyletiellose, une dermatite par allergie aux piqûres de puces, une dermatite atopique, une allergie alimentaire, ces maladies pouvant être compliquées par une dermatite à Malassezia ou un syndrome de prolifération bactérienne.

Examens complémentaires

Des raclages cutanés à la rosée sanguine ont permis de mettre en évidence quelques rares parasites très allongés, de type Demodex injai (photo 4). Les cytologies par test au ruban adhésif n’ont pas permis de mettre en évidence de Malassezia ni de bactéries, en revanche plusieurs parasites ont également été visualisés avec cet examen (photo 5).

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Photo 4 : Demodex injai dans un produit de raclage cutané

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Photo 5 : Demodex injai observé après un test à la cellophane adhésive

Diagnostic

Le diagnostic retenu est celui d’une démodécie à Demodex injai, non compliquée.

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