Un chien yorkshire terrier est consulté pour une dermatose prurigineuse squameuse généralisée.
Dr Xavier LANGON
Clinique Vétérinaire de Camargue – 34400 LUNEL
Un cas de teigne chez un chien / Cas clinique Juillet 2018
COMMEMORATIFS ET ANAMNESE
L’animal, chien mâle castré, yorkshire terrier âgé de 3 ans à la consultation, a été acheté dans un élevage à l’âge de 1 an et vit depuis en maison dans le sud de la France.
Il reçoit une alimentation de qualité ( Royal Canin RCCI), est à jour de ses vaccinations et de ses traitements antiparasitaires externe et interne. Son passé pathologique non dermatologique se résume à une intervention correctrice d’un entropion à quelques mois d’âge. L’animal présente en outre depuis l’intervention une sècheresse oculaire unilatérale.
Dermatologiquement, ce chien présentait dès son acquisition une alopécie des faces latérales des cuisses, un important érythème et prurit généralisé avec séborrhée. Il a été lavé et traité par plusieurs confrères à plusieurs reprises sur des durées conformes de 6 à 8 semaines avec des antifongiques (Ketofungol® et Imaveral®)… soit sans aucune amélioration, soit des rémissions temporaires très partielles, plutôt associées à l’impact indirect des shampooings.
Le propriétaire ne rapporte aucune lésion le concernant au moment de cette consultation.
Photo1a: vue d’ensemble et rapprochées de l’animal.
EXAMEN CLINIQUE
Le chien présente un bon état général et un poids de forme de 5,2 kg. A l’examen à distance, le pelage est altéré au niveau des flancs (alopécie et érythème), et présente un important squamosis généralisé. L’examen rapproché de la peau confirme ce constat avec une alopécie des flancs et de l’abdomen caudal, un érythème épargnant les extrémités et le dos, un squamosis généralisé, ainsi qu’une importante odeur séborrhéique.
Photos 1b et 1c: Vue rapprochée de la peau. Noter le squamosis.
HYPOTHESES DIAGNOSTIQUES
Ce tableau clinique nous évoque en tout premier lieu deux hypothèses incontournables : la démodécie et la dermatophytie. Nous retiendrons néanmoins trois autres hypothèses possibles même si moins probables, compte tenu de la durée d’évolution et l’inefficacité des thérapies entreprises par les confrères (tableau 1).
Hypothèses étiologiques |
Arguments en faveur |
Arguments en défaveur |
Examens complémentaires |
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DERMATOPHYTIE |
Lésions généralisées Erythème, squamosis Yorkshire originaire d’un élevage |
Prurit alopécie de prurit Pas de localisation aux extrémités |
Lumière de Wood Trichoscopie Culture mycologique (Biopsie) |
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DEMODECIE |
squamosis, séborrhée et prurit Lésions tronculaires Jeune âge des premières lésions |
Absence d’alopécie |
Raclage (Biopsie) |
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LEISHMANIOSE |
Squamosis tronculaire Prurit résidence dans le Sud |
faible évolution en 3 ans de vie… |
Test sérologique IFI (Biopsie) |
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DERMATITE ALLERGIQUE |
Prurit tronculaire Lésions dès jeune âge érythème, séborrhée |
Faible nombre de critères de DAC |
Démarche diagnostique allergologique |
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CHEYLETIELLOSE |
Squamosis tronculaire Prurit apparition jeune, issu d’élevage |
Persistence malgré les traitements APE des confrères pendant 2 ans… |
Raclage Ruban adhésif trichoscopie |
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Tableau 1 :
Arguments du diagnostic et examens complémentaires.
EXAMENS COMPLEMENTAIRES
a- Examen en lumière de Wood :
Cet examen de l’ensemble du corps de l’animal, ne permet pas de constater de fluorescence caractéristique de dermatophytie à Microsporum canis.
b- Raclage :
Le produit du raclage des lésions cutanées nous révèle la présence de deux demodex adultes, sans aucune forme de reproduction (pas d’oeuf ni de stade immature)
c- Ruban adhésif :
L’apposition répétée d’une bande de ruban adhésif sur les lésions ne permet pas l’observation de parasite.
d- Trichoscopie :
L’examen microscopique de plusieurs poils et de quelques squames prélevées lors de l’épilation révèle la présence de manchons de petites spores le long des poils.
e- Culture mycologique :
Un milieu DTM (FUNGASSAY®) a été ensemencé avec des poils et des squames et a été incubé à 27°C pendant 10 jours. Le milieu de culture a présenté de virage de couleur en 7 jours et le développement d’une colonie mycélienne.
La réalisation d’un drapeau de Roth a permis d’identifier au bout de 15 jours de culture les macroconidies caractéristiques de Microsporum canis.
Photo 2a : Culture fongique et Drapeau de Roth.
Photo 2b : Observation microscopique du drapeau de Roth (x 100). Présence de macroconidies de Microsporum canis.
f- Test sérologique Leishmaniose :
Le test rapide pour la leishmaniose se révèle négatif.
DIAGNOSTIC
L’ensemble des résultats des examens complémentaires nous amène au diagnostic de dermatophytie à Microsporum canis. La présence de quelques Demodex au raclage nous apparait comme un développement opportuniste de ces derniers. La prise en charge thérapeutique se fera en conséquence sans pourvoir à proprement parler de démodécie.