Auteur : Catherine Laffort-Dassot – Avril 2013
Dip ECVD, CES Derm, DESV Derm
c.laffort@veterinaire-alliance.fr
Anamnèse
Un chat européen mâle castré de 7 ans est présenté en consultation pour amaigrissement et instauration progressive d’un état kératoséborrhéique généralisé. Les signes cliniques sont apparus deux mois avant la consultation: squamosis, hypotrichose ont concerné dans un premier temps les pavillons auriculaires et la zone dorsolombaire. Ils se sont étendus progressivement. Une otite érythémato-cérumineuse est apparue dans un second temps.
Le chat vit sans congénères en milieu semi-urbain dans une maison avec un accès libre au milieu extérieur. Il n’a jamais effectué de voyages, il est nourri avec une alimentation industrielle. Ses vaccins, traitements antiparasitaires externes et internes sont à jour. Il a précédemment été suivi pour des abcès consécutifs à des morsures et quelques épisodes de maladie du bas appareil urinaire.
Examen clinique
Examen clinique à distance
Sur la vue générale de profil (photo 1), on note une alopécie incomplète, multifocale puisqu’elle concerne le cou, la partie proximale des antérieurs, les flancs et les cuisses. La face semble indemne quoique du cérumen est noté en quantité abondante à l’entrée du conduit auditif externe. Un squamosis trés marqué est présent: en quelques instants et quelques manipulations la table de consultation est recouverte de squames blanches.
Photo 1 : vue à distance de profil
Sur la vue de dos (Photo 2), on constate que ces signes cliniques concernent aussi le dos du garrot jusqu’à la base de la queue alors que sur la vue ventrale (Photo 3), l’alopécie est moins marquée, elle est accompagnée d’un érythème.
Photo 2 : vue dorsale à distance
Photo 3 : vue ventrale à distance
Examen rapproché
Lors de l’Examen clinique rapproché, comme ici sur la face dorsale du cou (Photo 4) et le sommet du crâne (Photo 5), on note la présence de squames de grande taille, grisâtres, qui englobent les poils.
Photo 4 : vue rapprochée de la face dorsale du cou
Photo 5 : vue rapprochée du sommet du crane
Hypothèses diagnostiques
Les hypothèses diagnostiques envisagées sont vastes puisqu’il faudra évoquer toutes les causes de dermatite exfoliative, comme par exemple une dermatophytie, une démodécie, une dermatite auto-immune (pemphigus foliacé, lupus érythémateux systémique), un érythème polymorphe, un lymphome T epithéliotrope, une folliculite murale, une dermatite exfoliative paranéoplasique (DEP) associée à un thymome.
Examens complémentaires
Examen en lumière de Wood, raclages, trichogramme et culture mycologique se sont révélés négatif.
L’examen histopathologique des biopsies cutanées montre une hyperkératose orthokératosique associée à une dermatite d’interface avec dégénérescence hydropique des cellules basales, apoptose kératinocytaire, images de satellitose et présence d’un infiltrat dermique lymphocytaire à tendance lichénoïde (Photo 6)
Photo 6 : examen histopathologique de biopsies cutanées (HES, x 200)
Un immunomarquage avec des anticorps antiCD3 nous apprendra que la majorité des cellules présentes dans le derme superficiel et dans l’épiderme sont des lymphocytes T car ce marqueur est spécifique des LT (Photo 7).