Auteur : Éric Florant – Septembre 2010
Ces de Dermatologie – Ex chargé de consultation de dermatologie ENVA
Clinique vétérinaire Les Sablons
78370 Plaisir
Motif de consultation
Une chatte Sphinx de 11 mois nous est référée pour une dermatose évoluant depuis plus de 6 mois se traduisant par des “boutons” et des démangeaisons
Commémoratifs et anamnèse
Cette jeune chatte de couleur gris bleu vison vit avec 3 autres chatons de la même portée, son père et sa mère, ainsi qu’un autre chat européen. Seul le chat européen sort. Les lésions sont apparues au moment du sevrage. Un autre chat de la portée a aussi des lésions mais moins importantes. La mère a elle-même depuis longtemps, par moment, des “boutons” avec des petites croûtes entrainant aussi du prurit mais peu gênant, n’ayant donc pas incité la propriétaire à consulter. Les chats sont nourris avec un aliment de qualité supérieure en croquettes.
Les raclages et la mycologie réalisés par le vétérinaire traitant étaient négatifs. Une pipette d’Advocate® a été appliquée à l’ensemble des chats. Une injection de corticoïdes retard puis l’administration de prednisolone par voie orale ont permis une amélioration passagère
Examen clinique
Le chat apparaît en bonne forme. Les lésions sont présentes sur le dessus du dos, les côtés du thorax, les flancs, les pattes et sur la face, de façon symétrique, sans vraiment de linéarité. Ce sont des papules, érythémateuses ou le plus souvent hyperpigmentées (marron foncé à noires), souvent coalescentes; des croûtes sont visibles sur les papules les plus érythémateuses, et par endroit, au niveau de la face en particulier, des ulcérations marquées sont apparues suite au grattage important. Nous n’observons pas de dermographisme. Le signe de Darier (la friction de la peau déclenche l’apparition d’un érythème et d’un gonflement) est positif dans certaines zones (face).
Bilan clinique
Nous sommes donc en présence d’une dermatose prurigineuse apparue chez un jeune chat Sphinx, se traduisant par des papules souvent hyperpigmentées, rétrocédant partiellement aux corticoïdes, avec des lésions d’intensité variable présentes aussi chez d’autres chats de la même lignée.
Hypothèses diagnostiques
Tableau arguments pour et contre
Hypothèses |
Arguments en faveur |
Arguments contre |
Examens complémentaires à envisager |
Mastocytose cutanée urticaire pigmentaire du Sphinx |
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Dermatose allergique |
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Dermatophytie |
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Examens complémentaires
Les calques cutanés réalisés ne montrent rien de spécifique, et en particulier pas de signes de surinfection bactérienne ou fongique de type Malassezia (tout en sachant que les Sphinx en sont souvent porteurs en quantité significative)
L’examen histologique réalisé par Frédérique DEGORCE du LAPVSO (laboratoire d’Anatomie Pathologique Vétérinaire du Sud Ouest) montre une acanthose régulière et une hyperpigmentation de l’épiderme, avec par endroit une hyperkératose, tantôt ortho, tantôt parakératosique sous la forme de petites squamo-croûtes souvent excoriées. Les annexes épidermiques sont bien représentées, le cycle folliculaire est normal, les glandes sudorales sont rétentionnelles, faiblement à modérément kystiques. Le derme présente un infiltrat inflammatoire périvasculaire à diffus dense, s’étendant du derme superficiel jusqu’au derme périannexiel, constitué de mastocytes, d’éosinophiles, de lymphocytes, de plasmocytes, de cellules macrophagiques et dendritiques. Si on effectue un comptage cellulaire, on remarque que sur 400 cellules comptées, plus de 200 d’entre elles sont des mastocytes bien différentiés, mais assez volumineux, parfois binucléés. L’aspect est donc celui d’une dermatite hyperplasique, périvasculaire à diffuse, à large prédominance mastocytaire.