Un cas de granulome éosinophilique répondant à une antibiothérapie


Auteur : Catherine Laffort-Dassot – Mars 2012
Dip ECVD, CES Derm, DESV Derm
c.laffort@veterinaire-alliance.fr


Un chat européen femelle de 1 an est référé à la clinique vétérinaire Alliance pour l’évaluation d’une dermatose cervicale et podale ulcérative, prurigineuse évoluant depuis 3 mois.

Commémoratifs

Cette chatte vit à la campagne avec un chien et un autre chat, sa mère pour laquelle une allergie alimentaire au poisson est suspectée comme cause sous jacente d’une dermatite miliaire cervicale. Elle a accès à l’extérieur.

Anamnèse

La lésion initiale est apparue sur la face ventrale du cou sous forme d’une plaque ulcérée. Malgré l’application locale d’un topique associant antibiotique et corticoïde (Cortikan lait®) et l’administration orale d’antihistaminiques (Parématil®), elle s’est étendue et de nouvelles lésions sont apparues autour des coussinets.

Examen clinique

Examen clinique général

L’animal est en bon état général.

Examen dermatologique à distance

L’attention est attirée par la face ventrale du cou et les pieds antérieurs et postérieurs gauches.

Examen dermatologique rapproché

La lésion cervicale est une plaque surélevée circulaire bien circonscrite, érythémateuse, ulcérée, suintante puis crouteuse (photo 1).

Les lésions podales sont présentes dans les espaces interdigités (face dorsale et surtout ventrale) en marge des coussinets (photos 2 et 3 pour l’antérieur gauche, photo 4 pour le postérieur gauche). Elles se manifestent par des plaques et nodules érythémateux ulcérés.

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Photo 1 : vue rapprochée de la face ventrale du cou :
plaque circulaire de 3 cm de diamètre ulcérée et croûteuse

Un cas de granulome éosinophilique répondant à une antibiothérapie

Photo 2 : vue rapprochée de la face dorsale du pied antérieur gauche :
tuméfaction ferme ulcérée dans l’espace interdigité entre les doigts IV et V.

Un cas de granulome éosinophilique répondant à une antibiothérapie

Photo 3 : vue rapprochée de la face ventrale du pied antérieur gauche :
ulcérations, nodules dans les espaces interdigités, en marge des coussinets accessoires.

Un cas de granulome éosinophilique répondant à une antibiothérapie

Photo 4 : vue rapprochée de la face ventrale du pied postérieur gauche :
plaques et nodules ulcérés en marge des coussinets, exsudat purulent

 L’examen clinique rapproché révèle également un érythème de la face convexe des pavillons auriculaires (photo 5) et un ulcère labial en regard du croc supérieur gauche (photo 6).

Un cas de granulome éosinophilique répondant à une antibiothérapie

photo 5 : érythème de la face convexe du pavillon auriculaire gauche

Un cas de granulome éosinophilique répondant à une antibiothérapie

Photo 6 : ulcération labiale en regard du croc supérieur gauche.

Hypothèses diagnostiques

  • Les hypothèses diagnostiques envisagées sont
  • Des lésions du complexe granulome éosinophilique (liées à une cause parasitaire, à une cause allergique)
  • Des granulomes bactériens
  • Des granulomes fongiques
  • Une dermatose virale (poxvirose, calicivirose)
  • Éventuellement une tumeur

Examens complémentaires

  • L’examen en lumière de Wood et les raclages sont négatifs, les peignages mettent en évidence de nombreuses déjections de puces.
  • L’examen cytologique par impression des biopsies cutanées montrent la présence d’hématies, de polynucléaires éosinophiles, de quelques polynucléaires neutrophiles dont certains ont phagocyté des cocci, de lymphocytes et de plasmocytes.
  • L’aspect histologique des biopsies cutanées est celui de lésions du complexe granulome éosinophilique félin, avec
    • Pour la lésion podale biopsiée, un aspect de granulome : tissu de granulation très inflammatoire avec un infiltrat diffus très riche en éosinophiles. Des cellules géantes macrophagiques s’organisent palissadiquement autour de petits foyers en flammêche (dégranulation des éosinophiles).
    • Pour la biopsie cervicale, un aspect de plaque éosinophilique : épiderme hyperplasique, spongiotique s’ulcérant brutalement ; derme très  inflammatoire, très riche en éosinophiles accompagnés de quelques mastocytes.
  • Les cultures bactérienne et fongique, la recherche virale par PCR sont en suspens en attendant le résultat de l’examen histopathologique des biopsies cutanées.
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