Auteur : Christian Collinot – Septembre 2008
Clinique vétérinaire du ROC
117, avenue du maréchal LECLERC
86100 CHATELLERAULT
Commémoratifs
Nouk est un chien caniche de couleur pèche, de 7 ans, stérilisé il y a un an. Il ne voyage pas, vit seul. Il est régulièrement vacciné et déparasité (APE et API) mais il est noté une infestation par des puces, il y a 3 mois.
Anamnèse
Depuis la fin de l’été, Nouk perd beaucoup ses poils, avec une repousse de poils différents, plus rêches, raides et de couleur plus foncée. Le début des problèmes coïncide avec l’invasion de puces mais un traitement d’éviction bien conduit a conduit à l’état présent sans retour à la normale.
Photo 1 : vue générale
Examen clinique général
L’état général est bon, l’examen clinique et le questionnaire (appétit, boisson, comportement…) ne révèlent aucune anomalie.
Examen dermatologique
On note une alopécie diffuse entre les épaules, avec une repousse de poils plus durs, celle-ci
Photo 2 : vue dorsale
Photo 3 : repousse avec changement de couleur sur le dos
s’étend sur le dos et les flancs,
Photo 4 : vue des flancs
derrière les cuisses,
Photo 5 : lésions derrière les cuisses
La face externe des oreilles
Photo 6 : lésions des oreilles
Le planum nasal.
Photo 7 : planum nasal
La partie ventrale est, elle aussi plus clairsemée.
Photo 8 : partie ventrale
La peau est recouverte de squames plus ou moins grandes.
Photo 9 : squames sur les oreilles
Photo 10 : squames sur le dos
Les poils s’épilent facilement, souvent en entraînant un manchon pilaire et ils repoussent plus durs et plus foncés.
Photo 11 : les poils repoussent plus foncés
Photo 12 : poils clairs restant et repousse de poils plus durs et foncés
Sur le ventre, il y a moins de squames mais on note plus facilement la présence de quelques comédons (cf photos 5 et 8).
Le prurit est présent, mais n’est pas très intense.
Nous sommes donc en présence d’une dermatite légèrement prurigineuse, hyperkératosique, alopéciante avec présence de manchons pilaires associée à une repousse de poils différents en couleur et en structure.
Hypothèses diagnostiques
Le tableau clinique chez un caniche de cette tranche d’âge est évocateur d’une adénite sébacée granulomateuse. Mais cette maladie est peu fréquente et les examens de routine doivent d’abord permettre d’envisager une démodécie, une dermatophytie. Un différentiel permettra ensuite d’envisager une dermatose associée à la vitamine A (peu probable compte tenu de l’âge d’apparition) et une dysendocrinie dont l’hypothyroïdie. L’absence de papule et de lésion érythémateuse n’est pas en faveur d’une complication d’une dermatose allergique.
Examens complémentaires
Les raclages, examens des poils, calques n’ont rien révélé. Compte tenu de la hiérarchisation des hypothèses, des biopsies sont préférées à des tests endocrinologiques en première intention.
Compte rendu du LAPVSO : L’épiderme est d’épaisseur normal, les follicules pileux montrent, dans leur portion infundibulaire, une hyperkératose orthokératosique avec tendance à former des manchons kératosiques et engainant les tiges pilaires émergentes (1). Dans le derme, des foyers inflammatoires périfolliculaires, dans la région de l’isthme, formant de petits foyers nodulaires, constitués de macrophages, de lymphocytes, de plasmocytes et de rares neutrophiles, masquent les glandes sébacées (2). Aucune glande sébacée saine n’apparaît visible sur les différentes coupes effectuées.
Photo 13 : histologie en faveur d’une adénite sébacée granulomateuse
Conclusion : Kératose orthokératosique folliculaire, dermatite nodulaire granulomateuse périannexielle isthmique et absence de glande sébacée saine. Cela conforte l’hypothèse clinique d’adénite sébacée granulomateuse idiopathique. L’aspect histologique n’est pas en faveur d’une endocrinopathie.
Diagnostic
Adénite sébacée granulomateuse idiopathique sur une race prédisposée, le caniche.