Auteur : Xavier Langon – Juillet 2012
Clinique vétérinaire de Camargue
34400 Lunel
Motif de consultation
Un chat européen est consulté pour une dermatose nécrotique multifocale d’apparition subite avec atteinte de l’état général.
Commémoratifs et anamnèse
Un chat européen mâle roux et blanc, âgé de 9 mois, est présenté à la consultation en état comateux avec présence de lésions cutanées malodorantes fortement exsudatives (photo 1). L’animal vit essentiellement à l’extérieur en présence de nombreux congénères errants. Il est nourrit avec un aliment industriel de supermarché. Il n’est ni vacciné, ni traité contre les parasites internes ou externes. Son passé pathologique est vierge, il présente une cryptorchidie droite. Son propriétaire ne rapporte aucune lésion le concernant, ni sur les autres chats errants vivant à son contact. La dermatose est d’apparition subite.
Photo 1 : examen à distance du chat
Examen clinique
Le chat est comateux, déshydraté et en hypothermie (37,2°c). Des ulcères linguaux sont relevés, ainsi qu’une pulicose. Les lésions dermatologiques nécrotiques exsudatives nauséabondes affectent les membres, le thorax et la face. Les extrémités distales des membres antérieurs sont fortement œdématiées (photos 2 et 3).
Photo 2 : vue rapproché des membres antérieurs.
Noter l’œdème et l’exsudation
Photo 3 : vue rapprochée de la cavité buccale.
Noter la présence de deux lésions nécrotiques linguales
Hypothèses diagnostiques
La symptomatologie et l’anamnèse nous amènent à envisager plusieurs hypothèses :
- une dermatose à calicivirus hypervirulent
- une pyodermite profonde (abcès multiples)
- une envenimation par des chenilles processionnaires
- une toxidermie
- une mycose profonde
Examens complémentaires
L’hypothèse fongique est invalidée par la trichoscopie et la culture fongique. Les calques cutanés réalisés sur les écoulements et territoires profonds nécrosés révèlent la présence de très nombreux polynucléaires neutrophiles associés à la présence de nombreux coques et bacilles. Les images de phagocytose sont nombreuses (photos4). Trois colonies bactériennes ont été identifiées par écouvillonnages en profondeur des lésions : staphylocoque, proteus et enterobacter. De très nombreuses résistances sont révélées par l’antibiogramme.
La numération formule sanguine révèle une leucopénie avec lymphopénie. Un test de recherche antigénique du felv et une sérologie fiv par technique elisa sont négatifs.
Plusieurs biopsies cutanées ont été réalisées sur les différents sites lésionnels en prenant soin de prélever le centre et la périphérie des lésions. L’examen histopathologique, réalisée par Frédérique Degorce du LAPVSO, montre une vascularite nécrosante multifocale du territoire cutané, associée à une dermatite ulcéro-nécrotique et suppurée, sans mise en évidence de corps d’inclusion.
Une analyse par rt-pcr (reverse transcriptase polymerase chain reaction) est réalisée sur des prélèvements cutanés profonds, buccaux et sanguins. Les résultats de tous les prélèvements analysés séparément sont positifs. La charge virale de l’écouvillon oro-pharyngé est très importante et celle de la biopsie et des écouvillons des zones nécrotiques est très significative.
Photos 4a et 4b: observation microscopique (x1000) d’un calque cutané.
Noter la présence de coques, bacilles et d’images de phagocytose
par les polynucléaires neutrophiles.
Diagnostic
Calicivirose à calicivirus félin (fcv) hypervirulent