Un cas de sporotrichose canine

Pâquerette est un chien femelle grand anglo-français tricolore d’environ 6 ans qui a été placée auprès d’une association de protection animale 3 mois avant la visite initiale car elle était maltraitée par ses anciens propriétaires.

Catherine Laffort

CHV Alliance, BORDEAUX

Novembre 2023

 

Elle a été adoptée dans un très mauvais état général : maigreur, apathie, ronflements et lésions cutanées non prurigineuses (photos 1 et 2). Une seconde chienne a été adoptée en même temps que Pâquerette avec des lésions similaires quoique moins prononcées. Une antibiothérapie permettra chez elle une rémission avant qu’elle ne décède peu de temps après de cause inconnue.

Un cas de sporotrichose canine

Photo 1 : Pâquerette le jour de l’adoption : atteinte de la face et des pavillons auriculaires : érythème, croutes et alopécie

 

Un cas de sporotrichose canine

Photo 2 : Pâquerette le jour de l’adoption : atteinte du tronc et des membres : érythème, alopécie, croutes et ulcérations

 

Pâquerette est présentée à la clinique Alliance pour une aggravation majeure de son état cutané, respiratoire et général, probablement liée à la mise en place récente d’un traitement immunosuppresseur à base de ciclosporine et de prednisolone pendant 5 jours. Des biopsies cutanées avaient en effet montré une dermatite lichénoïde psoriasiforme qui n’avait que partiellement répondu à un traitement antibiotique bien conduit, notamment à l’aide de trimetoprime sulfamides. Une origine dysimmunitaire avait alors été suspectée et un traitement immunosuppresseur mis en place.

 

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Photo 3 : Pâquerette avant son admission : extension des lésions en surface et surtout en profondeur. L’atteinte de la truffe est maintenant majeure avec infiltration, ulcérations et croutes.

 

La consultation initiale a lieu dans le service de médecine interne en raison de l’aggravation importante et brutale des signes respiratoires. Une rhinoscopie est réalisée : elle montre une muqueuse nasale œdématiée et irrégulière avec présence de sécrétions sero-hémorragiques et absence de masse ou de corps étranger. L’examen histoptahologique des biopsies nasales révèle une rhinite érosive suppurée à pyogranulomateuse chronique, active, sévère, compatible en premier lieu avec une origine infectieuse. En attendant le résultat de cet examen, une antibiothérapie à base d’amoxyclav est mise en place, le traitement immunomodulateur est stoppé.

Paquerette est présentée en dermatologie quelques jours plus tard car son état cutané continue de s’aggraver malgré l’antibiothérapie.

Examen clinique

Examen clinique général :

Pâquerette est maigre (score corporel 2/5) mais alerte, sans hyperthermie (T 38.5°C). Ses muqueuses sont roses. Une adénomégalie est notée pour les nœuds lymphatiques mandibulaires et poplité gauche.  L’examen respiratoire révèle une dyspnée inspiratoire et des bruits expiratoires augmentés ainsi que des ronflements.

Examen dermatologique :

Un prurit quantifié sur une échelle visuelle de prurit à 8/10 est apparu depuis la dégradation récente.

Pâquerette présente de vastes plages de cellulite avec nécrose, suppurations, ulcérations, croutes sur le tronc en particulier sur le dos, les membres (cuisses, coudes, carpes, tarses), les pieds, les pavillons auriculaires et le sommet du crâne (photos 4 et 5).

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Photo 4 : lésions du tronc et des membres à distance : atteinte multifocale avec plages de cellulite

 

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Photo 5 : lésion de la cuisse en vie rapprochée : nécrose et suppuration

Les coussinets sont épaissis en partie marginale (photo 6).

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Photo 6 : vue rapprochée des pieds avec épaississement marginal

 

La truffe est infiltrée avec perte des dermatoglyphes, partiellement dépigmentée, ulcérée et crouteuse (photo 7).

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Photo 7 : atteinte ulcérative et crouteuse de la face, et en particulier de la truffe

 

Hypothèses diagnostiques

Les hypothèses diagnostiques envisagées sont une ectoparasitose (gale sarcoptique, une dermatite à helminthes, une pulicose), une infection bactérienne ou fongique, une leishmaniose, un syndrome granulome/pyogranulome stérile.

Examens complémentaires

Examen en lumière de Wood, brossage et raclages sont négatifs.

L’examen cytologique d’un calque par impression met en évidence la présence de granulocytes neutrophiles dégénérés, de macrophages activés, de lymphocytes, plasmocytes et quelques images de phagocytose de cocci.

Le bilan hématobiochimique montre une hyperprotidémie avec hyperglobulinémie.

L’examen histopathologique de biopsies cutanées révèle une sévère dermatite granulomateuse lichénoïde et nodulaire périannexielle (photos 8 et 9). Les colorations PAS et fite faraco ne révèleront aucun agent pathogène.

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Photo 8 :  Examen histopathologique de biopsies cutanées (HES, x25) sévère dermatite nodulaire periannexielle

 

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Photo 9 : Examen histopathologique de biopsies cutanées (HES, x200) infiltrat granulomateux lichénoide

 

La recherche par PCR leishmaniose sur biopsie cutanée est négative de même que la culture mycologique. La culture bactériologique sur tissu permet la pousse d’un Staphylococcus pseudintermedius sensible à la meticilline et au TMPS mais résistant aux fluoroquinolones et à la clindamycine.

Traitement initial mis en place

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