Un chat, Européen, stérilisé âgé de 7 ans, est présenté à la consultation pour un léchage permanent localisé en région anale et périanale.
Emmanuel Bensignor
Septembre 2023
Anamnèse
Un chat, Européen, stérilisé âgé de 7 ans, est présenté à la consultation pour un léchage permanent localisé en région anale et périanale.
Ce chat vit en maison avec libre accès à un jardin. La dermatose est apparue plusieurs semaines auparavant. Les propriétaires décrivent initialement un léchage modéré de la zone anale. Le prurit a rapidement eu tendance à s’aggraver avec depuis quelques semaines un léchage compulsif de la zone et, récemment, une douleur à la manipulation de la queue. Différents traitements topiques ont été utilisés, avec des pommades ou des laits contenant des antibiotiques et des dermocorticoïdes, sans résultat notable. Une injection de corticoïde a été réalisée et a provisoirement diminué le léchage, sans pour autant l’arrêter totalement. Aucune contagion n’est notée, ni à un chien en contact, ni aux propriétaires. Le traitement antiparasitaire est réalisé régulièrement, à base de comprimés mensuels, mais ceux-ci ne sont pas administrés au moment d’un repas.
Examen clinique
L’examen général est bon. L’examen dermatologique montre une lésion localisée en région périanale (photo 1). La douleur est marquée, nécessitant une sédation pour inspection rapprochée. L’examen dermatologique, après tonte, révèle de sévères lésions érythémateuses, érodées, suintantes avec un enduit blanchâtre, atteignant toute la zone anale et s’étendant largement aux marges (photo 2).
Photo 1 : vue éloignée de la zone atteinte, lésions anales et périanales
Photo 2 : vue rapprochée, érosions et exudation
Examens complémentaires
Des trichoscopies ne montrent pas de parasite. Un peignage montre d’assez nombreuses déjections de puces. L’examen cytologique montre la présence de nombreux éléments levuriformes à bourgeonnement multipolaire évoquant des Candida sp (photo 3). Une culture fongique est réalisée et envoyée au laboratoire de mycologie. L’examen confirme la présence de nombreuses colonies de Candida albicans (photo 4). Un dépistage des rétroviroses est négatif.
Photo 3: examen cytologique d’un cas de candidose (cliché DN Carlotti)
Photo 4
Commentaires
Les levures Candida spp. sont des habitants normaux du tube digestif. Leur multiplication sur la peau ou les muqueuses est pathologique. La candidose cutanée est une dermatomycose peu fréquente, qui apparaît souvent sur un animal débilité, ou au niveau d’une dermatite de léchage, ou encore après un traitement par les corticoïdes. Les lésions sont le plus souvent localisées, bien que des cas généralisés aient été exceptionnellement décrits. Les extrémités podales, et notamment les espaces interdigités, semblent préférentiellement atteints, ainsi que la zone anale/péranale et parfois la cavité orale. La lésion typique est une érosion, à base érythémateuse, surmontée par un enduit crémeux ou caséeux. L’examen cytologique permet dans la plupart des cas de mettre en évidence une inflammation suppurée, et des levures, sous forme de blastospores et de pseudo-hyphes. Ces élément sont à différencier de Malassezia pachydermatis, qui ne forme jamais de pseudo-hyphes fongiques sur la peau, et dont l’aspect est différent (les Candida présentent un bourgeonnement à base étroite, multilatéral). Le diagnostic peut être conforté par la réalisation d’une culture fongique et éventuellement par des biopsies cutanées. Le traitement fait appel aux dérivés azolés par voie locale et/ou générale. Dans les cas extensifs, la recherche d’une cause sous-jacente (diabète, syndrome de Cushing, hypothyroïdie, néoplasme, immunodéficit) est indispensable.
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