Un chien de 6 ans, sous traitement cardiaque avec un inhibiteur de reconversion de l’angiotensine (enalapril) pour un souffle cardiaque, vivant dans une maison avec accès à un jardin en Bretagne, consulte pour des lésions dermatologiques d’apparition soudaine, au retour d’un séjour sur la côte basque.
Emmanuel Bensignor,
Paris, Nantes, Rennes
Un chat en contact ne présente pas de lésion. Le chien est vacciné, correctement traité contre les puces et vermifugé ; il est alimenté avec de la nourriture sèche super premium.. Les lésions sont situées sur la face dorsale du cou et du thorax ; elles sont présentes depuis 3 semaines ; elles ont évolué rapidement initialement et sont stables depuis quelques jours. Le chien ne présente pas de prurit mais de la douleur et ne se laisse plus caresser; une mauvaise odeur est rapportée par les propriétaires.
Anamnèse et commémoratifs
Initialement son vétérinaire généraliste avait conclu à une pyodermite avec un diagnostic différentiel posssible avec une DAPP (dermatite par allergie aux piqûres de puces), mais moins probable du fait de l’absence de prurit et du traitement régulier avec un insecticide, et avait mis en place un traitement avec un anti-inflammatoire non stéroïdien associé à une injection d’un antibiotique (nom indéterminé) et à une désinfection locale avec de la chlorhexidine pendant 10 jours. En l’absence d’amélioration, voire une détérioration, le propriétaire a consulté un deuxième confrère qui a réalisé des raclages sans mise en évidence de parasite, des calques cutanés et il a conclu à une pyodermite secondaire à un traumatisme ou une brûlure. Un traitement antibiotique avec une association amoxycilline-acide clavulanique a été recommandé. La maladie n’a pas évolué favorablement et le propriétaire s’est dirigé vers un spécialiste.
L’examen clinique montre un chien assez abattu avec une hyperthermie à 39°C. La palpation de la zone lésée est douloureuse. Sous sédation, une tonte permet de découvrir, sur un fond érythémateux, des lésions fistuleuses multiples, avec un bord hyperpigmenté, sur un territoire assez oédématié avec des pustules et des croûtes périphériques (photo).
Quel diagnostic évoquer ?
Nous envisageons les hypothèses suivantes :
- une furonculose pyotraumatique staphylococcique compliquant un épisode de DAPP
- une furonculose à gram négatif
- une straelensiose
- une leishmaniose
- une toxidermie liée à l’enalapril (pemphigus, érythème polymorphe)