Une chienne Jack Russel âgée de 10 ans est présentée à la consultation pour une dermatose inflammatoire bilatérale des flancs évoluant depuis plusieurs semaines et ne répondant ni aux anti-inflammatoires ni aux antibiotiques.
JL Mathet
11/2022
Elle nous est présentée à nouveau pour dégradation de son état général amaigrissement, PUPD modérée et fatigabilité. En parallèle on observe l’apparition de lésions cutanées inflammatoires épaissies, prurigineuses, répondant mal à l’antibiothérapie systémique et aux antiseptiques topiques.
Les traitements antiparasitaires externes mensuels (afoxolaner), internes (milbémycine et praziquantel), les vaccins sont à jour. Deux années auparavant la chienne a été traitée pour une dermatophytie très inflammatoire à Trichophyton mentagrophytes récidivante.
Examen clinique
A distance, elle présente des plaques érythémateuses alopéciques, réparties bilatéralement sur les flancs. L’examen rapproché montre des lésions parfois nodulaires, surélevées, érosives, croûteuses, indurées à la palpation, avec une sensation inconfortable pour la chienne, et un prurit marqué (photos 1 à 4).
Hypothèses diagniostiques
Les hypothèses diagnostiques sont une pyodermite superficielle et profonde, une récidive très inflammatoire de la dermatophytie, voire une calcinose circonscrite étendue.
Examens complémentaires
La cytologie sous-crustacée met en évidence une phagocytose bactérienne (cocci) confirmant une pyodermite secondaire. La cytoponction des plaques est non conclusive avec très peu de matériel cellulaire récupéré. Face à l’aspect inhabituel très induré des plaques, des biopsies sont réalisées pour histopathologie.
L’épiderme est atrophié, siège d’une importante hyperkératose orthokératosique, intéressant également les follicules pileux qui sont dilatés, comédoneux, avec des tiges pilaires avulsées souvent entourées d’un matériel inflammatoire mêlant granulocytes neutrophiles et des colonies bactériennes de cocci. Dans le derme, on observe au sein des unités annexielles folliculo-sébacées, une atrophie discrète des follicules pileux, des glandes sébacées et des glandes sudorales épitrichiales. Les follicules pileux sont parfois en phase télogène et catagène. La gaine conjonctive des follicules est épaissie, fibro-hyalinisée. Dans le derme, on observe de multiples foyers de métaplasie osseuse avec un derme non-inflammatoire (photos histo).
En parallèle les explorations endocriniennes et d’imagerie confirment un hypercorticisme d’origine hypophysaire pour lequel un traitement au trilostane VETORYL (1mg/kg/jour) est débuté.
Diagnostic
Il s’agit donc d’un cas de métaplasie osseuse cutanée (osteoma cutis) sur fond de dermatose alopéciante peu atrophiante non inflammatoire et de lésions de pyodermite associé à un syndrome de Cushing hypophysaire (maladie de Cushing).
Remerciements à Frédérique Degorce (LAPVSO Toulouse) pour l’histopathologie et les clichés
Bibliographie
MILLER W.H., GRIFFIN C.E., CAMPBELL K.L. Neoplastic and non-neoplastic tumors. In: Muller&Kirk’s Small Animal Dermatology, 7th ed. Philadelphia: W.B. Saunders, 2013: 774-843.
DOERR K.A., OUTERBRIDGE C.A., WHITE S.D. et al. Calcinosis cutis in dogs: histopathological and clinical
analysis of 46 cases. Veterinary Dermatology. 2013 ; 24 : 355-e79.
GROSS T.L. Calcinosis circumscripta and renal dysplasia in a dog. Vet.Dermatol. 1997; 8 :27–32
MULLER A., DEGORCE-RUBIALES F., GUAGUERE E. Metastatic calcinosis (including calcinosis cutis) in a young dog with multiple urinary tract abnormalities. Vet.Dermatol. 2011; 22 (3) : 279-283.
MUNDAY J.S. Generalized calcinosis cutis associated with probable leptospirosis in a dog. Vet.Dermatol. 2005; 16 : 401-406.
HOLAHAN M.L. Generalized calcinosis cutis associated with disseminated paecilomycosis in a dog. Vet.Dermatol. 2008; 19 : 368-372.