DERMATITE à Malassezia pachydermatis

Définition

Cette dermatite se caractérise par l'existence, chez certains, d'un érythème et d'une séborrhée, intéressant au moins la zone des plis, et provoquant l'apparition d'un prurit ; cette dermatose évolue de façon chronique, généralisée et compliquée par une pyodermite et une répercussion sur l'état général.

Le parasite (photos)

Le parasite responsable est une levure : Malassezia pachydermatis (synonyme : Pityrosporum canis ), dépourvue de capsule (? cryptocoque), de forme sphérique (3-4 µm), à bourgeonnement unipolaire et itératif, le bourgeon ou la levure-fille étant reliée à la levure-mère par un col large, conférant ainsi à cette espèce un aspect caractéristique, dit en "bouteille Perrier" ou en cacahuète (photos).

Cette espèce de champignon est isolée habituellement, y compris chez le chien sain, en différents sites anatomiques:

Le conduit auditif externe (photo),
En surface de la peau (en particulier dans les zones de plis et humides : babines, racines des membres, zones interdigitées ...),
En surface des muqueuses buccale et rectale.

La levure est donc une espèce episaprobie (en situation saprophytique et superficielle). C'est donc, à la faveur de certains facteurs favorisants, que, chez certains chiens, la levure pourra pulluler et instaurer, selon des mécanismes encore mal établis, un état pathologique particulier ; le rôle pathogène de Malassezia n'est pas contesté dans la mesure où des traitements antifongiques, limitant considérablement la population de levures, améliore l'état des animaux. Ces facteurs, dont la nature et l'importance font encore l'objet de discussions, sont de grande importance car ils définissent les caractéristiques épidémiologiques de la dermatite, et sont à la base des mesures thérapeutiques et prophylactiques :
L'existence de plis, assurant température et humidité (larmes, salive, écoulements physiologiques ou pathologiques, ...) fait que la dermatie s'observe préférentiellement chez certaines races (Basset Hound ou Shar Peï par exemple), ou chez certains sujets (sujets obèses) et en certains sites anatomiques
Tout état inflammatoire cutané, quelles qu'en soient l'origine, l'ancienneté ou l'étendue : la dermatite atopique, la dermatite par hypersensibilité aux piqûres de puces, les pyodermites superficielles, les dysendocrinies, les dermatites séborrhéiques, ... constituent un "terrain" extrêmement favorable
Tout traitement antibiotique ou corticoïde, local ou général, prolongé, soit par la modification de la flore cutanée, soit par un effet immunodépresseur.

Epidémiologie

La dermatite à Malassezia est observée préférentiellement :

Chez des jeunes adultes (classe d'âge de 2-5 ans) de certaines races (cf. plus haut ; West Highland White Terrier) ;
Chez des sujets souffrant d'autres maladies ou processus pathologiques favorisant la multiplication du champignon, et ayant reçu, au préalable, des traitements prolongés.

Etude clinique

Deux formes cliniques peuvent être observées :

Une forme classique, généralisée ou très étendue : dermatose prurigineuse (prurit marqué, généralisé, rétrocédant faiblement et provisoirement aux corticoïdes), séborrhéique (peau grasse, luisante et malodorante ; poils agglutinés, ternes), érythémateuse, intéressant au moins et en première intention les zones de plis : racines des membres, plis labiaux, faciaux, périnéaux, mammaires, de la gorge ..., régions interdigitées. Cette dermatose s'étend sur l'ensemble du corps, épargnant éventuellement la ligne supérieure du corps et les faces latérales du tronc ; évoluant sur plusieurs semaines à plusieurs mois, elle présente rapidement une pyodermite superficielle, et un processus de lichénification étendue (peau grise puis noire, alopécique).

Des formes localisées: interdigitées, faciales, auriculaires... Sur le plan histologique, la dermatite se caractérise par : la présence de très nombreuses levures en surface de l'épiderme ; une dermite périvasculaire et hyperplasique ; un festonnage épidermique : "bourgeons" de l'épiderme s'enfonçant dans le derme (photos).

Diagnostic (photos)

Le diagnostic est en général aisé:

Outre les éléments épidémiologiques précédemment définis, les symptômes permettent de suspecter aisément une telle dermatite ; elle doit être distinguée de toutes les autres dermatites prurigènes (parasitaires ou non : DHPP, dermatite atopique, gale sarcoptique) et particulièrement des pyodermites superficielles fréquentes chez le chien et souvent associées ;
L
a confirmation est néanmoins nécessaire selon diverses méthodes :
Observation des levures par étalement sur lame suivi d'une coloration : les techniques (claque, raclage, "scotch test", écouvillon) et les lieux de prélèvement donnent des résultats sensiblement différents, et il est nécessaire d'apprécier quantitativement les populations de levures (minimum de 5 levures par champ microscopique (photos) ;
Biopsie cutanée.

Méthodes de lutte

Le traitement consiste en :

L'utilisation de topiques antiseptiques, antifongiques et antiséborrhéiques à base de .
Chlorhexidine
Peroxyde de benzoyle
Enilconazole ou kétoconazole , à raison de deux applications par semaine durant plusieurs semaines, puis de façon plus espacée en fonction des résultats obtenus ;
L'administration par la voie orale d'antifongiques si l'utilisation de topiques se révèle insuffisante ou impossible (animal indocile et/ou de grande taille) :
kétoconazole (10 mg/kg/j durant au moins 4 semaines).
Interdiction d'utiliser des corticoïdes sous quelque forme que ce soit (injectable, orale, locale) qui peuvent donner une amélioration passagère en atténuant les manifestations de prurit, mais qui favorisent les complications septiques et risquent d'induire l'apparition d'un syndrome de Cushing iatrogène
Surveiller attentivement l'animal qui reste exposé, sa vie durant, à des rechutes (recourir à un traitement insecticide régulier et obligatoire, veiller à une excellent hygiène cutanée, intervenir chirurgicalement pour la suppression de plis,...).