La Gale sarcoptique du chien
Dermatose parasitaire contagieuse due à la présence et à la prolifération dans la couche cornée des chiens d'un acarien Astigmata Sarcoptidés, Sarcoptes scabiei var. canis, caractérisée cliniquement par une atteinte cutanée croûteuse et prurigineuse.
Sarcoptes scabiei var. canis
Morphologie (photos)
Acarien de petite taille, 250 µm pour le mâle, 350 µm pour la femelle,
arrondi.
Les pattes
sont disposées et 2 groupes, antérieur et postérieur, ne dépassant pas le rostre
en avant et le corps en arrière.
Le rostre est
court et carré. La face ventrale porte des écailles cuticulaires triangulaires
ainsi que des épines.
La durée du cycle est d'environ 10 à 14 jours.
Les femelles ovigères
se localisent dans des " tunnels " ou des " puits " qu'elles creusent
dans la couche cornée de l'épiderme. Elles y pondent 2 à 3 œufs par jour. Des
larves en éclosent, elles se nourrissent de débris cutanés. Elles peuvent gagner
la surface de la peau et creuser de nouveaux " puits de mue " ou rester
dans le tunnel où elles ont éclos. Elles muent en protonymphes puis tritonymphes.
Les mâles s'accouplent
avec des tritonymphes femelles et meurent. Ces dernières vivent 3 à 4
semaines.
Les sarcoptes se nourrissent
des débris cutanés, ainsi que de l'exsudat issu de la réponse immuno-inflammatoire.
Les antigènes salivaires et de mues, nombreux, sont à l'origine de cette réponse
de l'hôte.
La résistance dans
le milieu extérieur est faible, de quelques jours.
La contagion se
fera donc par contact entre les chiens infestés, ou par l'intermédiaire
de l'environnement d'un animal infesté si ce dernier y est présent (boxes,
niches, paniers...).
Les sarcoptes peuvent
infester d'autres mammifères : chats, renards, ou l'Homme, mais ils n'y
survivent de quelques jours.
La gale sarcoptique est une acariose fréquente en collectivité : chenils
d'élevage, chenils SPA, militaires, chiens de meute...
Elle se rencontre
souvent chez des chiens vivant en groupe à l'extérieur : chiens errants,
chiens de SDF.
Elle peut s'observer
sur des chiens de tout âge et de tout sexe.
Les signes clinique
sont plus accusés sur des chiens rendus réceptifs par diverses carences nutritionnelles,
maladies intercurrentes, ou un milieu de vie avec hygiène défavorable.
Les symptômes de la gale sarcoptique sont liés à l'inflammation chronique de
la peau et l'infiltration des tissus par les cellules inflammatoires : lymphocytes,
polynucléaires basophiles.
Les parasites ne sont
pas toujours présents en grand nombre dans les lésions car ils peuvent être
détruits.
La réponse immunitaire
est de type cellulaire, avec une hypersensibilité cutanée à basophiles.
Certains chiens vont
être tolérants d'un point de vue immunitaire, donc présenter des symptômes
frustes, tandis que d'autres vont développer une HS cutanée d'où un prurit
et des lésions plus marquées.
Lors de réinfestations,
les lésions sont souvent plus marquées du fait d'une réponse immuno-inflammatoire
plus rapide.
Il existe une communauté
antigénique entre Sarcoptes scabiei et d'autres acariens dont les acariens
de poussières (Dermatophagoides farinae et Dermatophagoides pteronyssinus).
Les tests allergologiques
(Intradermo-réactions, dosage d'IgE) peuvent être positifs sur des chiens galeux
ou ayant eu une gale, et donc rendre faussement positives des recherche
d'atopie.
Les symptômes apparaissent au terme d'une incubation extrêmement variable.
Certains chiens n'auront que peu de symptômes ou seront des porteurs sains,
tandis que d'autres vont présenter des lésions en 4 à 8 semaines.
Les lésions ont des
localisations préférentielles : bord externe des pavillons auriculaires
(photos), abdomen, flancs (photos),
coudes (photos). Elles peuvent s'étendre
rapidement (photos). C'est dans ces
zones que des raclages seront réalisés pour mettre en évidence les sarcoptes.
Toutes ces lésions sont fortement prurigineuses.
La lésion primitive
se caractérise par l'apparition de papules surmontées de croûtelles, ce sont
les boutons de gale. Rapidement l'exsudation devient plus importante,
la peau est croûteuse, épaissie (hyperkératose orthokératosique),
plissée, et grisâtre (mélanose). L'animal présente des dépilations
diffuses et irrégulières. Des plaies de grattage compliquent le tableau
clinique.
Des surinfections
bactériennes sont possibles.
La maladie évolue
alors vers la cachexie.
L'animal présente
une polyadénite, une insuffisance rénale et un amaigrissement important.
Au niveau des oreilles,
l'inflammation peut se solder par l'apparition de nombreuses petites croûtes
sableuses, c'est l' "eczéma arénacé ", qui est relativement caractéristique
d'une gale sarcoptique et peut parfois être le seul signe clinique sur des chiens
bien soignés.
L'infestation du bord
des oreilles se solde par un signe particulier, le réflexe oto-podal .
En grattant le bord externe des oreilles des chiens galeux, il est possible
de déclencher un réflexe de grattage du membre postérieur localisé du même côté
.
Cas particulier : gale juvénile
Chez les chiots, la gale sarcoptique peut être moins prurigineuse et se caractériser par des lésions volontiers plus squameuses, avec des pellicules réparties sur l'ensemble du pelage et des dépilations discrètes. Leur localisation peut être différente.
Une suspicion clinique et épidémiologique peut être portée par l'observation
d'une dermatose dépilante, croûteuse et prurigineuse, avec des lésions localisées
sur la face, l'abdomen et les flancs, touchant un chien vivant en collectivité
ou ayant des contacts fréquents avec d'autres chiens.
Une confirmation
expérimentale n'est pas toujours nécessaire si les symptômes sont caractéristiques.
Les sarcoptes doivent être recherchés mais de nombreux raclages cutanés sont
souvent nécessaires. Le raclage
doit être fait dans certaines zones électives : coudes, bords des oreilles,
sur des lésions récentes. Il doit être profond, jusqu'à la rosée sanguine,
du fait de la localisation des acariens. Il faut appliquer du lactophénol
sur la peau avant de racler de façon à récupérer les acariens. Le prélèvement
doit ensuite être observé entre lame et lamelle, à l'objectif 10 (photos).
Il est intéressant de l'éclaircir en chauffant la lame jusqu'à ébullition
avec une allumette. Même en l'absence de visualisation des sarcoptes, un traitement
sera mis en œuvre sur la base d'une suspicion clinique.
Il repose sur l'emploi d'acaricides.
Les traitements peuvent être locaux, reposant sur des applications cutanées
répétées pendant 3 semaines environ, selon la rémanence des molécules, de façon
à couvrir la durée du cycle des acariens.
Exemples : 3 lotions d'organophosphorés (dimpylate) ou d'amitraze (0,025 p mille) espacées d'1 semaine ; 2 applications à l'éponge de fipronil espacées de 3 semaines.
Les traitements peuvent être systémiques. Ils sont alors basés sur l'emploi
des avermectines / milbémycines :
2 injections d'ivermectine
à la posologie de 400 µg/kg par voie SC, sous réserve de la réceptivité
de certaines races.
2 applications de
sélamectine à la posologie de 6 mg/kg en spot on, espacées d'1
mois.
La prophylaxie se fait en élevage. Elle repose sur les mesures d'hygiène
classique (nettoyage et désinfection réguliers des boxes, vide sanitaire), ainsi
qu'un bon état général des animaux de façon à limiter tous les facteurs
favorisants une expression clinique.
La contamination
humaine est possible. Elle se traduit par un prurit localisé et des papules
"prurigo galeux", le plus souvent sur les avant-bras des propriétaires. Les
démangeaisons sont limitées par l'application de pommades anti-inflammatoires.
Les signes disparaissent spontanément en 2 à 3 semaines après le traitement
des chiens.