Les démodécies félines sont des dermatoses parasitaires infectieuses, apparemment non contagieuses, dues à la multiplication et au pouvoir pathogène de plusieurs espèces du genre Demodex.
Ces acarioses sont sensiblement différentes de celles du chien, tant sur le plan de l'épidémiologie que de la clinique ; elles sont en outre assez rares.
Deux espèces au moins sont identifiées chez le chat :
Demodex cati (photo), assez proche morphologiquement et biologiquement de Demodex canis , parasite du follicule pilosébacé ; cette espèce était fréquemment désignée sous le terme de "forme longue" dans la mesure où l'opisthosoma est très développé, beaucoup plus long que le prosoma, strié transversalement et à extrémité pointue ; ce parasite s'apparente à l'espèce observable chez le hamster, Demodex criceti ; il mesure environ 200 µm de longueur sur 25-30 µm de largeur ;
Demodex gatoi , désignée autrefois sous le terme de "forme courte", car munie d'un opisthosoma de dimensions très proches de celles du prosoma, à extrémité arrondie, observable dans les couches superficielles épidermiques ; sa longueur est d'environ 100-120 µm, sa largeur de 20-25 µm - pour certains auteurs existerait une 3ème espèce parasite, aujourd'hui innomée, proche morphologiquement de la précédente, de taille intermédiaire entre les 2 espèces précédentes, mais présentant des détails anatomiques différents de D.gatoi .
Les caractères biologiques essentiels (nutrition, reproduction, résistance dans le milieu extérieur, possibilités de transmission) ne sont pas connus ; seule la localisation cutanée est certaine : le follicule pour D. cati, l'épiderme pour D. gatoi. ; la spécificité est de règle en matière de démodécie.
Les cas cliniques parfaitement identifiés et publiés, représentatifs de chaque espèce parasite, sont trop peu nombreux pour dégager des caractères épidémiologiques généraux ; toutefois à l'instar de ce qui est démontré chez le chien, il est possible d'avancer les éléments suivants:
La plus grande fréquence des formes localisées, de bon pronostic, chez le jeune animal, par opposition aux formes étendues, généralisées, intéressant surtout le chat adulte et de moins bon pronostic;
L'influence d'une immunodépression ou d'une maladie sous-jacente favorable à la multiplication parasitaire est décrite mais sans que cela constitue un facteur systématique ou statistiquement significatif : infection par les virus FIV et FeLV, diabète sucré, hypercorticisme, lupus érythémateux systémique, carcinomes épidermoïdes multicentriques.Dans la pratique, la recherche de telles maladies est toutefois à entreprendre obligatoirement;
La possibilité évoquée par certains auteurs d'une contagion entre chats de D.gatoi , hypothèse fondée sur l'observation de cas apparus chez des chats vivant ensemble.
La démodécie à D.cati est la plus fréquente, relativement proche cliniquement de la démodécie canine, observable sous deux formes distinctes:
Une forme localisée, intéressant une zone anatomique précise, le plus souvent la tête (zones péri-oculaires, lèvres, pavillons auriculaires) et l'encolure : alopécie, comédons, érythème, éventuelles complications dues au prurit (excoriations, ulcérations, croûtes), papules et pustules ; parfois le tronc ou les membres ;
Une forme généralisée, beaucoup plus rare et reposant sur une immunodépression sous-jacente, résultat d'une forme préalablement localisée traitée ou non; cette forme semble concerner préférentiellement les chats siamois ; les mêmes lésions cutanées sont observées, parfois associées à du prurit. La démodécie à D. gatoi , plus rare, est localisée à la tête, associant alopécie, croûtes et manifestations prurigineuses ; l'immunodépression ne semble pas être un élément déterminant dans l'apparition de la démodécie généralisée correspondante.
Le diagnostic repose sur la mise en évidence du parasite par raclage cutané ou par biopsie dans la mesure où les lésions cutanées ne sont pas caractéristiques.
Le pronostic est très réservé lors de démodécie généralisée reposant sur une immunodépression incurable ou sur une maladie générale mal contrôlée.
La guérison spontanée de démodécies localisées est possible, comme cela peut se produire chez le chien : par conséquent, le recours au traitement spécifique de ces formes cliniques n'est pas obligatoire, mais la surveillance clinique est nécessaire.
Le traitement en revanche s'impose lors de démodécie généralisée et repose sur :
L'utilisation de l'amitraze à des concentrations très faibles (de l'ordre de 0,025 ou 0,0125%) selon des applications hebdomadaires ; rappelons la contre-indication de ce traitement dans le cas de diabète sucré;
L'utilisation de l'ivermectine, par la voie sous-cutanée, à la dose de 300µg/kg, 2 fois à 15 jours d'intervalle;
L'identification de la maladie sous-jacente, et si possible, son traitement.