Diagnostic hématologique
Introduction
 
  Le diagnostic hématologique a pour but de mettre en évidence dans le sang, et 
  par extension, le système lymphatique, des éléments parasitaires. 
  Il s'agit notamment de certains protozoaires: Babesia canis, Hepatozoon 
  canis et Leishmania infantum; et de microfilaires sanguicoles: Dirofilaria 
  immitis, Dirofilaria repens et Dipetalonema.
  
 
  En dermatologie, ce sont les microfilaires qui seront recherchées. 
 
  La principale technique reste l'étalement sanguin ("frottis" suivi d'une 
  coloration de May Grünwald Giemsa M.G.G.). Il permet l'identification des babésies 
  et d'Hepatozoon, mais aussi d'autres agents pathogènes comme les Ehrlichia, 
  ou dans les milieux tropicaux les trypanosomes. 
  
 Une goutte de sang 
  (généralement périphérique) est déposée sur une lame dégraissée à l'alcool-ether. 
  La goutte est étalée sur la lame au moyen d'une lamelle ou d'une lame rodée 
  (non pas en la poussant mais en la tirant). La goutte doit être complétement 
  étalée avant la fin de la lame.
  
 Les parasites sont 
  plus fréquents en bordure et en queue de frottis, partie la plus riche en leucocytes. 
  
  
 La coloration la plus 
  employée est le May Grünwald Giemsa (M.G.G.). 
 
  May Grünwald : 10 gouttes pendant 3 min. 
  
 Eau distillée : rajout 
  de l'eau sans rejeter le M.G. 1 min, verser l'ensemble 
  
 Giemsa (3 gouttes de 
  Giemsa pur pour 2 ml d'eau distillée) : recouvrir la lame 10 à 20 mn. 
  
 Chasser le colorant 
  avec de l'eau, délicatement 
  
 Laisser sécher 
  
 Observer la lame au 
  microscope à immersion : Obj. X100 à immersion. 
  
 Les babésies, comme 
  les Hepatozoon, peuvent être facilement mis en évidence à l'aide de coloration 
  sanguine dite rapide (Par exemple: Hémacolor). 
Certaines techniques peuvent permettre d'enrichir le prélèvement en babésies :
 
 
   Technique de la goutte épaisse : goutte de sang déposée sur 1 cm², séchée, 
  immergée dans l'eau distillée, puis colorée par MGG.
  
 Technique de micro-hématocrite 
  : récupération de la zone leucocytaire sur microtubes après centrifugation, 
  puis coloration.
Identification des protozoaires sanguins
 
  Babesia canis : protozoaire 
  Apicomplexa parasitant exclusivement les hématies. Plusieurs formes possibles 
  dans les globules rouges. Observation après coloration d'un étalement sanguin 
  au May Grünwald Giemsa ou coloration rapide.
 
 
  Forme anaplasmoïde (rare): trophozoïte en dégénérescence de 1 à 2 µm, 
  ponctiforme d'où l'analogie aux anaplasmes, au cytoplasme vacuolaire, très réduit, 
  ne prenant pas le colorant, avec un noyau marginal (violacé). 
  
 Forme ronde 
  (courante) : trophozoïte ou gamonte infectant pour les tiques, de 3 à 4 µm de 
  diamètre , au cytoplasme vacuolaire, non coloré, et à chromatine marginale.
  
 Forme bigéminée 
  (la plus classique) : Généralement par paire, parfois par 4, 8 ou plus, issues 
  de divisions binaires. Aspect piriforme ("en poire"), caractéristique, 
  allongée, mesurant 4-5 µm, les extrémités effilées d'un même côté. 
Babesia canis est une babésie de grande forme, par opposition à d'autres espèces comme Babesia gibsoni ( forme ronde de 1 à 2,5 µm ; forme bigéminée de 2,5 µm). Cytoplasme "blanc" du fait de la vacuole, chromatine violacée rejetée en périphérie.
 
  Hepatozoon canis : Protozoaire Apicomplexa proche taxonomiquement 
  des coccidies intestinales. Schizogonies dans les cellules blanches de la rate 
  et de la moelle osseuse. Apparition des gamontes dans les polynucléaires circulants. 
  6 x 3 µm pour les gamontes, ovalaires et "blancs", en forme d' "obus", 
  dans le cytoplasme des polynucléaires, en général neutrophiles. Noyau des polynucléaires 
  repoussé en périphérie, cytoplasme occupé par ce protozoaire ayant l'aspect 
  caractéristique d'un ovale blanc ne prenant aucun colorant. 
 
  Mise en évidence des leishmanies
 
 
  Les leishmanies sont recherchées dans les populations macrophagiques à partir 
  de divers prélèvements, mais jamais dans du sang circulant, car elles sont rarement 
  observées dans les monocytes.
  
 La ponction de moelle 
  osseuse, la ponction ganglionnaire et le calque ou le copeau cutané sont les 
  techniques à choisir. 
  
 Le suc ganglionnaire 
  récolté est étalé sur une lame puis coloré par MGG. La ponction des noeuds lymphatiques 
  est peu douloureuse, facile à réaliser et sans risque pour l'animal. Il suffit 
  de récupérer une goutte de lymphe et de cellules à l'aide d'une seringue et 
  d'une aiguille de diamètre suffisant (1,2 mm). 
 
  Leishmania infantum: amastigotes 
  présents au sein d'une vacuole parasitophore dans les macrophages parasités. 
  Ils sont ovalaires et mesurent 3-4 x 2 µm. Ils renferment un volumineux noyau 
  et un élément en forme de bâton, le kinétoplaste. Ces deux éléments sont généralement 
  perpendiculaires l'un par rapport à l'autre. 
  Des leishmanies peuvent se voir en position extracellulaire lorsque des macrophages 
  sont altérés par les techniques de prélèvements ou de coloration, ou lors de 
  leur lyse et avant qu'elles n'en infectent un autre. Les macrophages infectés 
  sont hypertrophiés et prennent souvent un aspect muriforme, leur noyau est repoussé 
  vers la périphérie.
2- Mise en évidence des microfilaires
 Les microfialires pouvant être identifiées chez 
  le chien appartiennent à 5 espèces : 
  
 Dirofilaria immitis 
  
  
 Dirofilaria repens 
  
  
 Dipetalonema (Acanthocheilonema) 
  reconditum 
  
 Dipetalonema (Acanthocheilonema) 
  dracunculoides 
  
 Dipetalonema (Cercopithifilaria) 
  grassii 
Ces filaires peuvent toutes être retrouvées dans 
  le sang circulant. Les techniques de mise en évidence comprennent l'examen direct 
  d'une goutte de sang entre lame et lamelle, ainsi que l'étalement sanguin ou 
  la goutte épaisse, colorés par M.G.G., mais avec une sensibilité médiocre. 
  Des méthodes d'enrichissement ont donc été développées : il s'agit de la centrifugation 
  ou méthode de Knott, et de la filtration sur membrane à micropores.
  Le problème de la différenciation morphologique des microfilaires entre elles 
  peut être résolu par une coloration histochimique spécifique, mettant en évidence 
  des zones d'activité phosphatasique acide. 
 
  Examen direct d'une goutte de sang frais
Cette méthode très simple manque de sensibilité. L'échantillon doit impérativement être examiné avant coagulation, ou bien prélevé sur anticoagulant.
1. Déposer sur une lame une goutte de sang après 
  ponction des capillaires cutanés.
  2. L'observer immédiatement au microscope entre lame et lamelle. Les microfilaires 
  sont repérées au milieu des hématies grâce à leurs mouvements ondulatoires.
Méthode très simple utilisable en diagnostic de routine. Elle manque de sensibilité du fait de l'absence de concentration. Néanmoins, elle respecte bien les structures des parasites.
 1. Déposer sur une lame une petite goutte de sang 
  après ponction des capillaires cutanés.
  2. Etaler la goutte à l'aide d'une lamelle, le plus finement possible et sécher. 
  
  3. Effectuer une coloration (exemple : May-Grünwald-Giemsa) 
  4. Examiner au microscope la queue du frottis, plus riche en parasites.
Méthode très simple mais dont les résultats ne sont observables que 24 heures après. Elle permet une certaine concentration des parasites.
1. Prélever une grosse goutte de sang par ponction 
  des capillaires cutanés. 
  2. Déposer la goutte sur une lame en lui imprimant des mouvements circulaires 
  à l'aide de l'extrémité de la pipette ou d'un coin de lamelle. Ne pas étaler.
  3. Laisser sécher 12 heures à l'abri de la poussière. 
  4. Déposer une goutte d'eau distillée et laisser agir 20 minutes (hémolyse). 
  Sécher. 
  5. Effectuer une coloration (May-Grünwald-Giemsa) puis observer au microscope. 
  
 
  Examen de sang veineux (après enrichissement)
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  Sédimentation=technique de KNOTT modifiée 
Cette méthode est assez longue à réaliser. Elle permet néanmoins d'obtenir de bonnes préparations microscopiques.
1. Prélever du sang par ponction veineuse.
  2. Dans un tube à essai, mélanger 1 ml de sang à 9 ml de Teepol 10% (hémolyse). 
  
  3. Laisser reposer 12 à 24 heures ou centrifuger 10 min. à 2000 t/min. 
  4. Prélever une grosse goutte du culot de sédimentation (technique de la goutte 
  épaisse).
  5. Déposer la goutte sur une lame en lui imprimant des mouvements circulaires 
  à l'aide de l'extrémité de la pipette. Ne pas étaler. 
  6. Laisser sécher 12 heures à l'abri de la poussière. 
  7. Déposer sur la goutte séchée de l'eau distillée et laisser agir 20 minutes 
  (hémolyse). Sécher.
  8. Effectuer une coloration (May-Grünwald-Giemsa) puis observer au microscope. 
  
 
  Filtration sur membrane (Kits du commerce) Ex : Difil-test kit (photo)
Cette méthode est de loin la plus usitée. Elle allie la fiabilité, la rapidité et la facilité de sa mise en œuvre.
1. Prélever 1 ml de sang. 
  2. Aspirer, dans la même seringue, 9 ml d'une solution hémolysante (10% Teepol, 
  90% sérum physiologique ; ou formol à 2%). Agiter. 
  3. Adapter le porte-filtre, muni d'une nouvelle membrane, sur l'embout de la 
  seringue.
  4. Chasser le contenu de la seringue au travers du filtre. 
  5. Rincer la seringue à l'eau distillée et en chasser le liquide au travers 
  du filtre.
  6. Démonter le filtre, récupérer la membrane et la déposer sur une lamelle. 
  
  7. Verser deux gouttes de colorant, recouvrir d'une lamelle. A l'aide d'une 
  gaze, essuyer l'excès de colorant sur les bords de la lamelle. 
  8. Observer au microscope.